Vidéo numérique

Talking About Trees

Suhaib Gasmelbari (Réalisateur)

Date : 2019 - Durée : 01h33


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À Khartoum, capitale du Soudan, quatre cinéastes septuagénaires rêvent du retour des projections collectives en plein air. Les facétieux Ibrahim Shaddad, Suleiman Mohamed Ibrahim, Manar Al-Hilo et Altayeb Mahdi, tous membres du SFG, le Sudanese Film Group, ont pour projet de rouvrir le bien nommé cinéma “La Révolution”. Pourtant, la jeunesse soudanaise regarde des films sous le manteau depuis trente ans déjà. La capitale du pays a été transformée en désert culturel par la politique sécuritaire du président islamiste Omar el-Béchir, officier porté au pouvoir par un coup d'État militaire en 1989. Avant cela, les cinéastes, partis apprendre leur métier en Allemagne, en Égypte et en Russie, étaient revenus au Soudan pour produire dans les années 1960/80 des films d’auteurs dont les pellicules reposent aujourd'hui dans des cartons. Images manquantes d’un cinéma bourgeonnant qui n’a jamais pu fleurir. Depuis 1989 et la fermeture des salles, les quatre amis ont maintenu leurs activités de critiques et leur ciné-club, se déplaçant même en mini-van dans les villages avec un cinéma ambulant. Dans ce pays où tourner et projeter des films est interdit et doit demeurer une illusion, la désillusion ne l’emporte pourtant jamais sur le moral d’acier et l’humour de ces idéalistes tranquilles. Les compères assimilent avec une rare philosophie les nombreux obstacles qui s'accumulent devant leur rêve, des appels à la prière amplifiés des six mosquées avoisinantes jusqu’aux coupures de courant de la Compagnie nationale d'électricité. Ils n’ont pas l’air non plus de se soucier du manque de moyens techniques et financiers, ni des va-et-vient incessants avec l’administration, locale et nationale, rendant caduque chacune de leurs demandes d’autorisation. Dans cette logique kafkaïenne d’anéantissement des bonnes volontés, les quatre hommes n’ont qu’une arme contre les empêcheurs de tourner en rond, leur adoration pour le cinéma. Et parler des arbres, comme la citation brechtienne du titre le souligne, est un geste politique et non un crime. La situation politique a évolué depuis le tournage clandestin du film en 2015 et cela aura peut-être une influence positive sur l’avenir du cinéma soudanais. En 2019, le régime d’Omar el-Béchir est tombé. Ibrahim, Suleiman, Manar et Altayeb pourront-ils bientôt parler d’arbres en toute liberté ? Comme eux, soyons confiants.

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