Film


At(h)ome


Réalisé par Leuvrey, Elisabeth. Metteur en scène ou réalisateur

Edité par Les Ecrans du Large [éd.] - paru en 2016


Plus de cinquante ans après la fin de la guerre, une cinéaste et un photographe, issus des deux camps du conflit et enfants héritiers de l'histoire coloniale franco-algérienne, nous ramènent en 1962 en plein Sahara algérien. D'une zone désertique irradiée aux faubourgs d'Alger, ils suivent le parcours d'une explosion nucléaire expérimentale. De l'essai à l'accident, des retombés environnementales au « recyclage » des lieux du passé... Le point de départ est historique mais l'histoire contée nous rattrape au présent et vient nous chercher là où nous sommes - at home - pour un face à face avec des retombées sans frontière.

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  • Photographier l'invisible 4/5

    Etonnant documentaire qui s'appuie sur les photos de Bruno Hadjih pour raconter l'histoire des essais nucléaires français dans le désert algérien dans les années 60 et, surtout, de leurs retombées terribles, tues et toujours en "vigueur". Il n'est pas question ici des appelés français qui participeront dans une totale ignorance à ces essais et le paieront souvent de leur vie, mais des populations locales (abandonnées à une ignorance encore plus grande et plus meurtrière) et, notamment, de celles du village de Mertoutek. Les témoignages des survivants se font en voix off, alors qu'à l'écran apparaît leur portrait tiré par Bruno Hadjih. De très beaux portraits, tout comme les clichés du désert ou des traces laissées par les essais. Et c'est la force de ce film que ce contraste, cette dichotomie entre la magnificence des paysages et des hommes et la décomposition qui les ronge. Seule la bande-son à base de bruits évoquant un compteur geiger ou un dosimètre rappelle la présence invisible de la radiation. On apprend enfin avec stupeur que le gouvernement algérien a, dans les années 90, envoyé ses opposants politiques dans des camps construits à dessein sur les terrains de ces essais nucléaires, les condamnant ainsi à une mort abominable à petit feu.

    Malise - Le 25 avril 2019 à 10:25