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Livre
L'heure des sorcières
Edité par Fleuve noir - paru en 2004
Lasher, l'esprit qui hante la famille Mayfair depuis des générations, enrage de les voir peu à peu se détourner de la magie. Lorsque Rowan, treizième sorcière, est enceinte, Lasher rassemble tous ses pouvoirs pour s'incarner dans le nouveau-né.
Collection Collection Thriller fantastique ; La saga des sorcières
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L'Heure des sorcières
Il faut du temps pour digérer la saga des sorcières Mayfair d’Anne Rice. L’écriture est dense, la narration parfaitement maîtrisée. Dans sa conception, son architecture et sa réalisation, tout est parfait. Sans doute le chef-d’œuvre de la romancière américaine. L’écriture est dense parce qu’Anne Rice a fréquemment recours au courant de conscience comme James Joyce (mais en plus lisible) qui permet de suivre les pensées d’un personnage mais lorsque celui-ci est en action, les deux temps se confondent. Dans sa maîtrise narrative, Anne Rice retient l’information ; si bien que, vous ne savez jamais si le personnage qui pense tout en marchant va arriver au but qu’il s’est fixé ou être victime d’un « accident ». Quand on sait que le protagoniste est un esprit frappeur particulièrement frappé – Lasher – l’inquiétude nous ronge à chaque instant ! Car cet esprit malin n’a qu’une envie, qu’un désir : s’incarner ! Le Verbe persifleur s’est fait chair et l’esprit est prompt mais la chair est faible. Les passages avec Lasher nous valent aussi les moments les plus brûlants du roman. L’esprit mauvais nous conte son histoire et la narratrice nous plonge alors dans une époque obscure, dans une ère de ténèbres. Mais que vaut le récit d’un menteur né, né au moins deux fois ? Surtout quand, peu avant, Anne Rice a fait parler Julien Mayfair, un des plus puissants sorciers de la famille ; dandy décadent d’une époque faite de sang suave et chaud. Anne Rice fait parler ses personnages mais elle n’abuse pas des monologues ; elle les entrecoupe par des passages de « vie quotidienne » qui sont des instantanés des drames, des douleurs ou des espoirs traversés par les Mayfair qui, pour avoir des sorcières dans leur histoire, ne sont pourtant le plus souvent que des simples mortels bien terre à terre ! Peut-on leur reprocher de préférer un réel besogneux à un passé qui se confond trop souvent avec le légendaire où l’histoire est plus souvent éclairé par des bûchers que par des lanternes qui ne demandent surtout pas à être éclairées justement ? Toute la famille n’est pas si terne cela dit ! L’écriture d’Anne Rice est aussi chaude que son encre est noire. Ses descriptions érotiques font grimper aux rideaux mais c’est pour nous asséner du violent juste après. Rien n’est gratuit. Si le sexe est présent, c’est pour mieux te manger mon enfant ! Anne Rice ne juge jamais ; toutes les sexualités (ou presque car faire l’amour est avec torturer l’autre art où l’imagination est sans limite) sont présentes et jamais on ne lira le moindre jugement de valeur. Cela s’entend des relations entre les sexes amis aussi entre les âges et entre les générations ! Avec un tel niveau de "perversité", on se demande pourquoi elle a écrit les biens plus mièvres Infortunes de la Belle au Bois dormant ! Ce qui est certain, c’est qu’avec Anne Rice, le Plaisir devient une arme de mort.
Christophe BIZET - Le 04 mai 2018 à 14:57