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Livre
Le mariage de plaisir : roman
Edité par Gallimard - paru en DL 2016
Fès, années 1950. Amir est commerçant, marié et père de quatre enfants. Chaque année, il part s'approvisionner au Sénégal. Amoureux de Nabou, il contracte à chaque fois un mariage de plaisir, admis chez les musulmans. Il finit par lui proposer de le rejoindre au Maroc pour devenir sa deuxième femme. Années 2000. Les jumeaux nés de leur union, un blanc et l'autre noir, ont des parcours différents. ©Electre 2016
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Conte dramatique du talentueux Tahar Ben Jelloun
Un homme raconte une histoire: Nous sommes en Afrique du nord; le Maroc est en pleine mutation, les Français sont partis; la royauté est là; l'Islam se transforme; le racisme envers les africains noirs arrive... L'histoire commencée dans l'amour, se poursuit, au travers d'une famille et dans son environnement: bigamie, jalousie, intolérance, religion, peur et violence... Belle écriture pour ce roman humaniste.
Danov - Le 04 juin 2020 à 16:35 -
Le mariage de plaisir
Définition du "mariage de plaisir ": dans l’islam, il est permis à un homme qui part en voyage pendant de long mois de contracter un mariage à durée déterminée, pour ne pas être tenté de fréquenter les prostituées. Amir, bourgeois blanc musulman fassi et commerçant prospère de Fès, épouse par un mariage de plaisir, lors de ses voyages d'affaires à Dakar, Nabou, jeune Peule noire animiste. Mais ce qui ne devait être qu’un hypocrite arrangement ponctuel avec la morale débouche, de façon inattendue, sur un amour partagé qui incite un jour Amir à emmener Nabou à Fès pour faire d’elle, par mariage cette fois définitif et consacré par les adouls locaux, sa deuxième femme, au grand dam de sa première épouse "blanche" Lalla Fatma, pour qui, à l’humiliation de se voir imposer sous son toit la présence d’une seconde épouse ayant légalement les mêmes droits qu’elle, s’ajoute celle de savoir son mari amoureux d’une "noire" alors que dans son union avec Amir, mariage traditionnel de pure convenance sociale, est absent le concept d’amour et inconvenante dans l’acte de procréation la moindre manifestation de fantaisie sexuelle. Le comble de la vexation est atteint pour la "femme blanche" lorsque Nabou donne naissance à des jumeaux dont l’un est blanc et l’autre noir… Or, quand naissent les jumeaux Hassan et Houcine, des concubines ramenées d’Afrique sont encore réduites en esclavage dans les maisons bourgeoises de la médina. Le racisme va donc s’installer dans la vie d’Amir et de sa famille. Devenus adultes, les jumeaux suivent des chemins différents. Le fils noir Hassan puis le petit-fils noir Salim vont subir tragiquement la réapparition brutale des préjugés raciaux avec l’arrivée massive dans le nord du pays de migrants subsahariens auxquels ils seront dramatiquement assimilés au point de partager un jour leur triste sort, ce qui bouclera la boucle de l’histoire. Tahar Ben Jelloun dresse dans ce roman sombre le tableau d’une société marquée par l’oppression des traditions, par le poids des préjugés, par l’angoisse permanente du qu’en-dira-t-on, par l’ancrage du racisme, par la permanence du statut d’infériorité de la femme. Le racisme violent, atavique, que nourrissent à l’encontre des Africains noirs les personnages fassis, convaincus que la blancheur de leur peau est un signe définitif de supériorité raciale, est la triste réalité culturelle que dénonce Goha-Tahar au travers des vexations quotidiennes que subit Nabou et qui marqueront la vie de son fils noir. Le carcan des lois religieuses est une autre cible récurrente du conteur, ainsi que le traitement réservé dans la maison bourgeoise aux petites bonnes placées là pour la vie par leurs parents des régions rurales. De plu, l’intégrisme religieux contamine insidieusement le Maroc. Deux des fils d’Amir et de Lalla Fatma rejoignent en Egypte le mouvement des Frères Musulmans. Mais le réalisme des scènes du roman social cède régulièrement la place, dans la narration, à des situations surnaturelles dans lesquelles évolue Karim, le fils mongolien d’Amir et de Lalla Fatma, ramenant le récit vers le genre du conte magique ou fantastique. Karim voit des choses qu’il est le seul à voir, converse avec les animaux, est considéré par son père comme doté d’une raison supérieure. Malheureusement pour moi, ce mélange des genres m'a fait brutalement décrocher vers la moitié du livre et je reconnais avoir eu du mal à en terminer la lecture...
ACZ - Le 21 décembre 2017 à 13:04