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Musique
Edith Mathis chante des lieder de Mozart, Brahms, Schumann...
Edité par Distrart - paru en C 2019
Chérubin fut longtemps sa carte de visite, soprano Mozart absolument et pour Böhm d'abord qui adorait sa Suzanne, sa Despina, sa Zerline, sa Pamina, plus tard, venu à Strauss par Zdenka et Sophie, elle sera une Maréchale sublime et pourtant peu connue. Le Lied fut sa première passion, toute chanteuse d'église qu'elle fut également, elle y mettait l'imagination du théâtre, des personnages, ce qu'illustre magnifiquement le récital donné avec Karl Engel, cet inspirateur, au Festival de Lucerne le 3 septembre 1975, alors que son soprano lyrique si pur prenait les premières teintes de son automne, medium plus ample, aigu plus fruité encore. Elle ouvre la soirée avec quelques-unes des mélodies de Mozart qu'elle enregistra toutes pour Deutsche Gramophone avec son époux Bernhard Klee, diction parfaite, voix longue qui sait être piquante ou nostalgique en une seconde, varie à l'infini les éclairages pour rendre sensible chaque affect. C'est du grand art jusque Dans un bois solitaire où la Comtesse de Noces semble paraître. Cette voix fraiche comme une source aimait la veine populaire, il faut entendre comme elle fait danser ou rêver les sauvages Scènes de Village de Bartók et quel petit orchestre de campagne lui invente Karl Engel. Les Brahms sont délicieux tout comme les 9 Lieder tirés des "Myrthen" de Schumann, musiques de paysages et d'émotion où elle modèle les sentiments d'une inflexion, comme si elle avait un regard dans la voix. Pourtant le clou de la soirée reste les cinq Strauss, d'une impertinence (Bleibt's nicht dabei), d'une fantaisie, d'une poésie qui forcent l'émotion. Quelle artiste jusque dans ce bis pris dans l'Italienisches Liederbuch" de Wolf, la phrase s'élève, prière sensible, simplement sublime comme tout le concert. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé).