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Livre
Mémoires
Edité par Fayard ; Flammarion - paru en DL 2015
S. et B. Klarsfeld témoignent de leur combat, depuis les années 1960, pour lutter contre l'oubli de la Shoah, pour traquer et traîner les anciens nazis devant les tribunaux. ©Electre 2015
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Mémoires
« Un an de prison ferme. Il n'y a pourtant pas outrage au chef de l'Etat : le chancelier n'est que le chef du gouvernement ». Un an pour avoir giflé le chancelier Kiesinger, ancien nazi responsable de la propagande antisémite et conscient de la solution finale. C'est la première action retentissante de Beate Klarsfeld que je découvre dans ces Mémoires rédigées en alternance avec son mari Serge Klarsfeld. J'avais découvert leur nom dans les années 90, mais je ne connaissais pas tout leur parcours, et ce livre retrace donc les origines de ce couple militant hors du commun. Beate, jeune fille au paire allemande en France, épouse Serge, jeune homme de famille juive ayant des origines en Roumanie. Beate est la première à se sentir concerné par l'arrivée de Kiesinger au pouvoir, et ce combat est l'élément déclencheur de tout ce que sera sa vie engagée. Serge lui apporte un soutien logistique sans faille, avant de lui-même s'engager et être le déclencheur de nombreuses actions en justice. Il devient historien, avocat et mène sans faiblir un éprouvant travail de recherche sur la Shoah. Beate rend dans le livre un vibrant hommage à sa belle-mère Raïssa, qui malgré de nombreuses mises en garde, les soutient pleinement et s'occupe de leurs deux enfants, Arno et Lida, lors de leurs nombreux déplacement aux quatre coins de l'Europe et du monde. Au nom du peuple allemand pour Beate, et au nom du peuple juif pour Serge, ils épluchent des milliers d'archives en France et à l'étranger, faisant paraitre des ouvrages très pointus qui sont aujourd'hui des références dans l'histoire de la Shoah. Avec quel objectif ? La recherche de la justice, et de la VERITE HISTORIQUE, pour faire juger tous les responsables, les hauts dignitaires, français ou allemands, les donneurs d'ordre, ceux à l'origine, signatures à l'appui, des arrestations, des tortures, des déportations de juifs ou de résistants. Comment se faire entendre ? Faire des actions chocs, susceptibles, de marquer les esprits de l'opinion publique, se faire arrêter, pour être médiatisés à toutes les échelles. Ces actions jugées illégales par les personnes ou les Etats visés servent à mettre en lumières la légitimité de leurs actions en justice. Leur vie fut donc mouvementée. Pourquoi ? Pour que la mémoire puisse se conserver, que la page ne se referme pas, un pays doit voir son histoire en face, l'assumer, pour pouvoir repartir sur des bases saines. Ce fut difficile en Allemagne, ou de nombreux cadres nazis continuaient à occuper des fonctions élevées dans la société. Plus tard, il y aura la traque des nazis protégés par les dictatures d'Amérique du sud mais également la Syrie et la famille Assad. le procès Barbie ainsi que les affaires Bousquet, Papon, Touvierdans lesquelles la police et le gouvernement français n'étaient pas totalement blancs. En bref, ce livre de près de 700 pages est un travail de mémoire utile, pour nous faire prendre conscience que la traque des nazis a été laborieuse, qu'il a fallu manifester, expliquer, justifier à de nombreuses reprises l'importance de ne pas laisser vivre tranquillement ces criminels. Grâce à Beate et Serge Klarsfeld et à ceux qui se sont mobilisés avec eux, on peut accéder à la vérité historique. Savoir qui a agi, comment, où. Prendre conscience de la mécanique implacable mise au service de la destruction du peuple juif. Savoir pour une meilleure vigilance ? C'est ce que voudrait ce couple remarquable pourtant rempli de doutes sur l'avenir. Et nous, on aimerait que cet immense travail, l'oeuvre de toute une vie puisse servir de bouclier dans le futur.
ACZ - Le 25 septembre 2016 à 22:33