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Livre
Comédies. 3
Edité par Gallimard - paru en DL 2016
Périclès, prince de Tyr, est le principal protagoniste d'aventures extraordinaires à travers la Méditerranée. Dans Le conte d'hiver, le dramaturge relate l'histoire de l'apparition du mal dans les rapports humains, de la jalousie, des divisions, des souffrances, des discordes, du triomphe final de la paix. ©Electre 2016
Troilus et Cressida ;. Périclès ;. Cymbeline. ;. Le conte d'hiver ;. La tempête ;. Les deux nobles cousins.
Collection Oeuvres complètes / Shakespeare 7
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Le drame et sa happy end
Nous abordons ici les six dernières comédies de Shakespeare. Poursuivant une évolution entamée dans les dernières pièces du volume précédent, la tonalité générale s'est terriblement assombrie. Si le drame est toujours un élément constitutif de la comédie, il prend souvent ici la part principale, la fin heureuse arrivant tardivement, de façon très artificielle et sans échapper totalement à une certaine amertume. Le présent volume s’ouvre par Troïlus et Cressida, œuvre dont on peine à comprendre ce qu'elle fait dans un recueil de comédies tant l'histoire en est tragique et la vision du monde y est désenchantée. À l'image des héros en général, Troïlus, pourtant fou amoureux de Cressida, se préoccupe davantage de ses exploits guerriers et de sa gloire que de son amour pour Cressida qui, de son côté, oubliera vite dans les bras d'un autre l'amour passionné qu'elle lui voue. Les femmes, ordinairement si admirables chez Shakespeare, ne sont ici aux yeux de tous que des putains, objets de rapt punitif, de caution ou d’échange qui semblent s’épanouir dans la fornication avec celui dans les bras de qui on les a placées. L'exploit d'Achille, vainqueur de l'invincible Hector, est celui d'un homosexuel mou et sans relief qui triomphe en violant les règles du combat, attirant son adversaire dans un guet apans où il est exécuté par des hommes de main. Les comédies suivantes sont plus traditionnelles. Comme l'indique le titre de l'une d'elles (le Conte d'hiver), il s'agit de contes, tragiques comme peuvent l'être le Petit chaperon rouge, Cendrillon ou Blanche Neige et se terminant bien de façon totalement irréaliste. Nous y retrouvons la figure chère à Shakespeare de la vierge immaculée et spirituelle, une fantaisie débordante, beaucoup d'humour et de poésie. Mais la femme révèle, elle aussi, sa face sombre, la jalousie et l'envie de promouvoir le fruit de sa chair peut la rendre féroce, Écrite en collaboration avec John Fletcher, destiné à lui succéder à la tête du Globe Theatre, la dernière pièce, qui nous dépeint d’abord les relations idylliques qui lient les deux nobles cousins, tourne au combat fratricide autour d'une femme, la sublime Emilia, dont tous deux sont follement amoureux et qui est subjuguée par ses deux prétendants. L'histoire se termine par la mort d'un des deux rivaux, si belle qu'elle rend heureux un dénouement tragique. Une fois de plus, ce ne sont pas des histoires abracadabrantes (qui constituaient le répertoire habituel de l'époque) mais le style inimitable de l'auteur qui donne à ces comédies toute leur saveur. Les contes sont pleins de drames, mais aussi de poésie.
Jacques VIALLE - Le 12 décembre 2018 à 10:01