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Les derniers jours de Mandelstam
Edité par Mercure de France - paru en DL 2016
En 1938, le poète russe Ossip Mandelstam a 47 ans et se meurt dans une prison. Il est depuis longtemps atteint de troubles mentaux, mais l'exil, la prison et les restrictions auront raison de lui. ©Electre 2016
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les derniers jours de Mandelstam
Ossip, éternel. Biographie ? Sans doute. Roman ? Pas que. Plutôt, une prose à l’acméiste intensité pleurant à fleur de sens. Sans conteste, une lente et belle édification d’un tombeau pour abattre l’oubli, pour rendre visible celui que patiemment un système arbitraire, concentrationnaire à tenter d’effacer corps et âme. Pour en ancre, faire revivre les affres du proscrit Ossip MANDELSTAM condamné à errer de goulag en goulag, d’exil en exil, du Voronej perdu de Simone Signoret à la Sibérie où sa dépouille rejoignit celle de la multitude d’infortunés errants reposant en fosse commune. Pour en encre, faire rejaillir le poète épuisé au subtil supplice que fut l’interdiction d’écrire. Au fil de la page, comment ne pas entendre le crissement du mot en neige sanglante et grise de désespoir. Au fil des pages, surgit Nadejda. La bien-nommée (espoir en russe). La bien-aimée qui pendant les trop courts instants de non-captivité apprit par cœur les poèmes conçus au bois d’humanité, élaborés en promenade par ce jeune homme de 22 ans qui opta résolument pour la résistance poétique. Nadejda-vigie grâce à qui l’œuvre du maudit, de celui qui pensait (tant que la lucidité l’habita) que la seule liberté était celle de penser, quelle était la suprême et invincible rébellion. C’est ce qu’il nous transmit et transmet par ces mots : « En m'enlevant les mers, et l'envol et l'élan, Pour mettre sous mes pieds le sol et sa contrainte, Qu'avez-vous obtenu? Un résultat brillant : Ces lèvres qui remuent sont hors de votre atteinte » Au fil des pages les lambeaux de vie sont arrachés à l’ombre. Ils ont réveillé en moi ces vers d’Aron VERGELIS nichés dans Du Birobdjian : « Dans la nuit sauvage au cœur des bourrasques, quand le vent arrache au ciel des étoiles… » Oui, les mots de Vénus KHOURY-GHATA se font blizzard et sont bise.
KONÉ Pierre - Le 22 septembre 2016 à 15:10