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Livre
Le suspendu de Conakry
Edité par Flammarion - paru en DL 2018
Au terme d'une carrière diplomatique sans éclat, Aurel Timescu, consul de France, se retrouve mis à l'écart et décide d'user de sa position officielle pour dénouer des énigmes et combattre l'injustice. Un jour, un riche Français est retrouvé assassiné, pendu par un pied au mât de son voilier dans la marina de Conakry. Tout semble accuser la jeune Africaine qui vivait avec lui. ©Electre 2018
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Alain MANTEZ - Le 22 août 2022 à 12:10
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Le suspendu de Conakry
Même si ce livre de Jean-Christophe Rufin s'oubliera aussi vite qu'il a été lu, il apporte quelques heures de plaisir sans prétention, avec une escapade africaine dépaysante et un petit ton burlesque bien plaisant. De son passage dans la diplomatie en tant qu'ambassadeur en Afrique à Dakar, l’auteur a sans doute gardé tout le climat qui fait le sel de ce livre : la chaleur de la Guinée, le ronronnement de l'ambassade de France, le petit personnel français, les relations encore empreintes de paternalisme entre diplomates et autorités locales, la banalité des conversations d'expatriés… Par contre, Jean-Christophe Rufin n'a pu qu'inventer un personnage comme Aurel Timescu. Un consul de France à Conakry, d'origine roumaine, ayant fui le régime de Ceausescu, mal fagoté, peu considéré, insensible à la chaleur, pianiste doué, mais surtout hypersensible. Son empathie lui joue des tours. Son métier l'indiffère, lui qui se rêvait enquêteur de police. Mais voilà que dans la torpeur de Conakry, le cadavre d'un plaisancier français est découvert pendu au mat de son voilier. Sa maîtresse africaine est découverte à moitié nue dans une cabine et est immédiatement suspectée par le commissaire local. L'ambassadeur est parti pour les vacances, l'affaire intéresse Aurel, qui s'improvise apprenti détective. Il accueille à l'aéroport la soeur de la victime. A partir de là, il va faire jouer son imagination pour deviner ce qui a pu se passer. Et nous voici donc entrainés dans les arcanes diplomatiques, par les souliers d'un fonctionnaire haut en couleurs, et en garde-robe inadaptée au climat caniculaire. L'hurluberlu est savoureux avec son physique ridicule, ses obsessions et ses marottes, son intelligence et sa clairvoyance décalée. Impossible de ne pas penser à l'inspecteur Colombo ! D'autant que le petit diplomate a raté une carrière dans la police. Il est donc trop heureux de se mettre sous la dent le sauvage assassinat d'un ressortissant français, et ceci dans le dos de sa hiérarchie qui l'a mis au placard depuis longtemps. Le décor est posé : l'enquête n'a d'intérêt que pas la manière de la traiter, bien qu'elle mette en lumière la réalité de la Guinée, entre insécurité et trafics de drogues. Aurel Timescu est un anti- héros bien attachant qui semble entamer une carrière de personnage récurrent dans une série policière, nouveauté dans la bibliographie de l'auteur. Ce petit roman policier change des romans plus «sérieux» de Jean-Christophe Rufin. Une production légère, sans prétention, qui doit beaucoup de sa réussite au personnage d'Aurel. Un peu lunaire, trop humble, manquant de confiance, d'assurance, cet Aurel vaut bien plus que ce que les apparences en disent. Évidemment la forme est soignée et la lecture coule toute seule. En un rien de temps, l'enquête s'achève. Un bon petit polar, qui serait sans doute passé inaperçu sans la notoriété de son auteur.
ACZ - Le 21 octobre 2018 à 11:33