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Musique
Das Schloss Durände, Oper in vier Akten
Edité par Claves Records - paru en 2018
Pour Othmar Schoeck, Hermann Burte tira un livret de la nouvelle d'Eichendorff où se faisaient entendre nombre d'échos à l'idéologie nazi, au point que Schoeck en fut en partie blessé et surtout paru soudain bien plus proche du régime hitlérien qu'il ne voulait l'admettre. La même aventure arriva à un autre compositeur helvète, Heinrich Sutermeister, dont le Romeo und Julietta connu un sort parallèle sans susciter le moindre regret de la part de celui qui était regardé alors comme le nouvel espoir de la musique suisse. Mais revenons à Dass Schloss Dürande auquel Schoeck travailla de 1937 à 1941. L'oeuvre connu une création fastueuse à Berlin, la distribution affichant Maria Cebotari, Martha Fuchs, Peter Anders, Ret Berglund, Josef Greindl, Willi Domgraf-Fassbaender, l'écho sonore de la première fut radiodiffusé et on le trouve en CD, soirée aussi historique que sulfureuse. Quelle drôle d'idée a eu Mario Venzago d'accepter de remonter l'ouvrage auquel aura été substitué un nouveau livret dû à la plume de Francesco Micieli qui expurge les tentations nazis pour revenir au plus près de la nouvelle d'Eichendorff, travail d'orfèvre par ailleurs puisqu'il a fallu que les nouveaux mots collent parfaitement aux anciennes notes de Schoeck. Voilà, nous en sommes là, incapables d'assumer aujourd'hui le passé historique d'une oeuvre aussi singulière qui en effet mérite de retrouver les chemins de la scène. Mais "Das Schloss Dürande" n'est pas la déflagration de "Penthesilea", c'est un drame bourgeois qui tire un peu à la ligne, et que seul peuvent sauver des bêtes de scène, ce que ne sont en aucun cas les admirables chanteurs réunis ici, dirigé avec art par Mario Venzago. Pourtant entendre dans une aussi belle prise de son cette partition délicate et complexe est un atout majeur qui ne devra pas vous détourner de découvrir la création, emportée par des voix d'un tout autre format. (Jean-Charles Hoffelé)