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Film
Perte
Edité par Bibliothèque Publique d'Information [éd.], ca - paru en 2008
Le père de Nurith Aviv, comme son grand-père et son arrière-grand-père, est né à Berlin, d'où il s'est enfui pour la Palestine en 1938. En avant-propos, Hannah Arendt, dans un entretien filmé en 1964, déclare : «On pense souvent que le choc ressenti par les Juifs allemands en 1933 s'explique par la prise de pouvoir d'Hitler. (...) Notre problème ce n'était pas tant nos ennemis que nos amis. L'Allemagne vivait une mise au pas à laquelle les gens se prêtaient volontairement avant même l'usage de la terreur. Nous étions confrontés à un abandon soudain, comme si un vide se faisait. (...) J'ai constaté que cet abandon était davantage la règle chez les intellectuels. Je n'ai jamais oublié cela. J'ai quitté l'Allemagne en me disant, de façon certes exagérée (...) : je ne veux plus jamais être mêlée à ce milieu.» Nurith Aviv a installé sa caméra dans le métro aérien qui fait le tour de Berlin et sur ces images en mouvement, elle incruste celle de quatre de ses amis allemands, des intellectuels non juifs, nés après la guerre, dont elle a recueilli les réflexions et les sentiments : Gustav Obermaier, Claus-Dieter Rath, Jutta Prasse et Hanns Zischler. Ils ont grandi dans une Allemagne amnésique, coupée de ses racines et de son histoire. Chacun témoigne du vide créé par le départ ou la disparition des intellectuels juifs allemands, que ce soit dans le domaine des sciences, de la philosophie, de la psychanalyse ou de la littérature