vos avis

• 4 versions d’une même histoire 4/5

  Direction New-York où l’auteur nous entraine sur les traces de Benjamin Rask, un financier comme seul le mythe américain sait en produire. Ce n’est pas tant les origines que le parcours de ce financier qui nous happe instantanément. Nous sommes dans les années 20, son succès est déjà incroyable, mais parce qu’il reste très discret, cet homme reste un mystère pour beaucoup, et la façon dont il va s’enrichir à la fin de la décennie va amplifier le phénomène. Est-ce l’intuition ou une maîtrise absolue de la lecture des téléscripteurs boursiers qui ont fait de cet homme mariée à une femme cultivée, issue de l’aristocratie, un mythe absolu ? C’est en tout cas la version d’un écrivain qui a eu l’occasion de croiser Mildred, la femme d’Andrew Bevel, vrai nom de ce financier. Des versions, Hernan Diaz nous en offre trois autres : celle d’Andrew qui souhaite rétablir les faits ou « tordre la réalité et la faire coïncider », celle de sa secrétaire qui doit donner une certaine rondeurs à son récit, et enfin celle de Mildred, dont le journal a enfin été retrouvé. Ces quatre versions nous offrent dans des styles très différents les mêmes faits : une version romancée, des souvenirs sous forme de notes, des mémoires et enfin un journal. A nous lecteurs de nous amuser à comparer, compléter, de mettre en doute des faits précédemment relatés. Il y a bien quelques passages empruntant des termes financiers un peu abscons pour celui ou celle qui n’y connait rien (et j’en suis), mais rien qui n’est venu perturber cette lecture fluide à la construction narrative parfaitement maitrisée. Et puis, last but not least, si ce roman évoque un homme, ce sont les portraits des femmes qui ont retenu mon attention. Elles y sont fortes, indépendantes, courageuses et humaines. Belle découverte.

  Karine DAVID - Le 01 mars 2024 à 11:12