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Musique
piano music
Edité par Dux Recording - paru en C 2021
La peste brune allait ravager l'Europe, mais Alexandre Tansman n'avait pas encore quitté Paris lorsqu'il composa les deux premiers cahiers de ses 24 Intermezzi qui seront son carnet de notes d'exil. Les deux suivants furent mis au net à Nice où, hébergé chez des amis, il attendait le sésame de son visa pour le Nouveau Monde. Rien ne transparait du drame, ces haïkus pianistique sont vifs, débordés par cette plénitude d'harmonies épicées, cette suractivité rythmique pleine d'ostinatos, et une nostalgique discrète y parait parfois, à peine avouée : la pudeur était le fort de ce petit homme qui cachait admirablement son génie. Mais un cri se fait entendre dans le chromatisme tortueux de l'Adagio lamentoso qui soudain colore de noir le 4e cahier : Tansman le reprendra tel quel pour en faire le mouvement lent de sa Quatrième Sonate. Hanna Koleksa en donne une lecture puissante, faisant entrer une dimension orchestrale dans ces pièces brèves qui résument l'esthétique comme l'artefact d'un compositeur parvenu à l'acmé de son art. Quinze ans plus tard, la 5e Sonate, dédiée à la mémoire de Béla Bartók pour la commémoration des dix ans de sa mort, peut être qualifiée de chefs-d'oeuvre, les ostinatos sont jouissifs au long du Molto vivace, le final, commencé par un largo funèbre, impressionne, tout comme les souvenirs de Bach qui emplissent l'admirable Lento. Là encore, Hanna Koleksa est admirable de poésie, de brio et sait émouvoir. Les Archives de l'INA conservent d'ailleurs une interprétation de cette Sonate sous les doigts de compositeur, Hanna Koleksa l'aurait-elle entendue ? D'ailleurs quantité d'oeuvres d'Alexandre Tansman sont conservées dans des interprétations de première force au sein des archives de la Maison Ronde, quel éditeur prendra l'initiative de les exhumer ? (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)