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Vidéo numérique
Silent Voice
Date : 2020 - Durée : 00h51
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Jeune espoir du MMA (Mixed Martial Arts), Khavaj a fui la Tchétchénie lorsque son frère a découvert son homosexualité et promis de le tuer, sous la pression du régime dictatorial de Ramzan Kadyrov. Arrivé à Bruxelles, et devenu mutique face au choc de l’exil, le seul lien que Khavaj garde avec la Tchétchénie sont les messages vocaux que lui envoie sa mère. D'après le journal russe Novaïa Gazeta et le Réseau LGBT russe, la Tchétchénie, république musulmane du Caucase, est accusée de pratiquer depuis 2017 une “purge homosexuelle”. Les autorités persécutent des membres de la communauté gay et incitent leurs familles à les tuer pour "laver leur honneur". Cette politique active d’éradication permet aux autorités de nier l’existence de ces populations dans le pays. Les victimes des violences sont poursuivies à distance par des membres de la diaspora tchétchène. Le film dépeint les premiers mois en Belgique de Khavaj, qui est victime d’un double déracinement : condamné à vivre loin de son pays, il doit aussi renoncer aux liens avec son entourage. Silent Voice exprime avec force ce climat de paranoïa. Pour ne pas prendre de risques, le réalisateur Reka Valerik, lui aussi Tchétchène, a dû préserver l’anonymat du jeune homme et refuser de communiquer aux médias tout détail les concernant. Dans ce film qui ne s’extrait jamais d’un cadre nocturne et fantômatique, comment transmettre les émotions et le vécu d’une personne privée de mots et de visage ? Reka Valerik refuse d’utiliser des techniques comme le floutage. Il expérimente une méthode alternative en filmant Khavaj en gros plan ou dans la pénombre, afin qu’il ne soit pas reconnu. Sa mise en scène repose sur la représentation fragmentaire du jeune homme tandis qu’il s’exerce à retrouver sa voix ou endurcir son corps. Dans cette proximité sonore et visuelle, un espace d’intimité ouvre sur des émotions et des sensations partagées avec le spectateur, dont l’imaginaire est stimulé par ce silence, cette souffrance inaudible. Car, outre un film sur le corps, Silent Voice est aussi une œuvre sur le langage. Khavaj est assailli par les sollicitations des intermédiaires qui interviennent aux différentes étapes de son parcours : médecins, administrations, aidants... Sortir du silence est indispensable à sa demande d’accueil. Les mots restent pourtant bloqués dans sa gorge, tandis que sa mère abreuve son répondeur téléphonique d’un flot de paroles tantôt aimantes, en tchéchène, tantôt menaçantes, en russe.