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Musique
Evil nigger, gay guerilla live at Moers Festival 2020
Edité par Distrart - paru en C 2021
Enfant terrible de l'histoire américaine de la musique, Julius Eastman (1940-1990) bouscule avec une certaine sauvagerie les canons de la musique minimaliste. Controversé bien sûr, gay, drogué et SDF, mort du SIDA dans l'indifférence générale, il injecte dans ses compositions une énergie proprement électrique. Son oeuvre est peu connue, ses partitions, un temps sous séquestre ou jetées à la rue comme son auteur, sont rares et difficiles à lire, en l'absence d'explications (souvent disparues) quant à ses méthodes de notation. Ce sont ses deux morceaux-phares que le quatuor de pianistes encapuchonnés et masqués enregistre live au Moers Festival en mai 2020, consacré depuis 1972 à toutes les formes de musique non mainstream, deux morceaux aux titres fondamentalement - et basiquement - contestataires. Leur construction suit un principe organique simple : chaque nouvelle section de l'uvre contient toute l'information des sections précédentes tout en y ajoutant de nouveaux aspects, ce en démarrant d'éléments structurels les plus petits possibles (une note, sa répétition...). La liberté laissée aux musiciens est ample et la place accordée à leur intuition rend unique chaque interprétation. Celle de Kai Schumacher, Patricia Martin, Benedikt Ter Braak et Mirela Zhulali, posée en urgence sur ce disque dédicacé au "I Can't Breathe" du Black Lives Matter est pleine de détermination. Elle enthousiasme.