1 avis
Livre
Au jardin des délices
Edité par Actes Sud ; diffusion Presses universitaires de France - paru en 1983
Se procurer le document
Autre format
Issus de la même oeuvre
Avis
vos avis
-
Un Paradis tourmenté
J'ai pensé à une sorte d'oratorio. Il se déroule sous la forme de séquences numérotées d'une ou deux pages, mais malgré ces séparations qui l'aèrent, le texte se présente comme continu, sans majuscules, sans ponctuation (sinon celle de virgules et de tirets), une forme qui pourrait être qualifiée d'"expérimentale" selon la terminologie consacrée (une sorte de "all over" si on se réfère à la peinture). L'entame est très belle et justifie le versant édénique du titre — l’autre ironique restant présent — et par brèves bouffées on pourra retrouver plus loin des passages évoquant le même foisonnement que celui des visions de J. Bosch. Mais non, l'essentiel des tableaux proposés a pour cadre insistant une sorte de décharge océan imaginaire, sur laquelle et à partir de laquelle il peut s'agir de construire une arche, une tour etc. Décharge qui désigne surtout la prolifération débordante des mots, signifiant soit la logorrhée intérieure du héros protagoniste et sujet, son mal proliférant, soit l'histoire ou la pourriture du monde extérieur en devenir. Il est bien difficile de parler de la teneur d'une écriture qui relève de la magie et des fantaisies de langage propres au fantastique, au Baron Münchhausen etc. J'ai eu quelque difficulté à sa lecture, je ne suis pas un ogre de nature, j'ai dû procéder par bribes pour arriver à le gober en entier, j'y ai glané de bonnes choses cependant. Il présente la difficulté d'une partition et je ne suis pas de ceux pour qui la musique s'y entend à livre ouvert. J'aurais préféré que dès les premiers passages le thème central de l'écriture soit mieux souligné comme principal. Mais on le perd. Puis on le retrouve. Puis il se brouille. Me sentant à cheval sur trop de choses j’ai eu du mal à me maintenir en selle. Il me faudrait être un lecteur mieux musclé pour tenir le trajet sans un instant de défaillance. Mais bon souvenir finalement.
Gilwato - Le 08 mars 2017 à 15:46