Révolution Russe 1917-2017
Cycle "Révolution Russe 1917/2017" dans les bibliothèques Poésie, théâtre
Sélection poésie, théâtre
Livre
La confession d'un voyou
Edité par Ed. L'age d'homme - 1983
Mort à 30 ans, Essenine semble pourtant avoir eu le temps de vivre plusieurs vies : d’abord poète vagabond dans la Russie paysanne, il plongera au cœur des convulsions de la révolution de 1917, avant d’en voir l’épouvantable bilan dans les campagnes ensanglantées, épuisées de famines. L’âme meurtrie, il sombrera peu à peu dans l’alcool et le désespoir. Poète immensément populaire, son œuvre, d’une grande liberté formelle, est à l’image de cette existence multiple : tumultueuse, traversée de forces vives (la nature omniprésente) et de soubresauts lyriques : le proverbial sentimentalisme russe a rarement vibré aussi juste. Empreinte d’une magnifique insolence rimbaldienne, sa poésie parle d’elle-même : « Pour une information plus complète sur ma biographie, tout est dans mes vers » écrivait-il.
Par Scarole, bibliothèque A. Malraux
Livre
Zanguezi : et autres poèmes
Edité par Flammarion - 1996
Vélimir Khlebnikov (1885-1922) a été l’une des figures les plus marquantes de la poésie russe des années 10 et 20. Sa vie se confond avec sa créativité et ses rencontres intellectuelles. Il vagabonda jusqu’à sa mort en Russie. Il appartient au mouvement futuriste russe avec Maïakovski et Kamenski mais son œuvre est particulière. Le thème principal de sa poésie est le mot, c’est un artiste du verbe. Il essaye de trouver une unité entre toutes les langues du monde. Il est novateur en poésie, prose, épopée, théâtre. Il invente le langage « zaoum » : au-delà de l’esprit, la langue sidérale, la langue-nombre etc. C’est aussi un penseur qui dans la langue russe reformule le monde.
Par Roquette, Médiathèque Musicale de Paris
Livre
Lettres de la montagne & lettres de la fin : trente et une lettres à Konstantin Rodzévitch
Edité par C. Hiver - impr. 2007
Poète des sentiments extrêmes, Marina Tsvetaeva se définit comme « sténographe de l'Etre ». Elle transcrit ce que le monde lui dicte plutôt que d'exprimer le caractère unique de son individualité. Née en 1892, Tsvetaeva écrit dès son enfance. Les années 1910 sont marquées par la composition de longs poèmes lyriques. La période révolutionnaire est vécue dans une atmosphère de désolation mais aussi de création poétique abondante. Elle quitte la Russie en 1922 pour un long exil et entretient une correspondance avec Pasternak, son frère en poésie, et Rilke. C'est la période de maturité poétique de Tsvetaeva marquée par des poèmes avant-gardistes d'une métrique débridée (Le Poème de la montagne, Le Poème de l'escalier). De retour en URSS en 1939, Marina Tsvetaeva est séparée de sa fille déportée. Son mari est fusillé. Lors de l'invasion de l’URSS, elle est évacuée avec son fils. Isolée et ne pouvant écrire, elle se pend le 31 août 1941.
Par Mesclun, bibliothèque Historique
Livre
Premier rendez-vous
Edité par Anatolia - impr. 2009
Andreï Biely (1880-1934) fut un des membres les plus actifs du mouvement symboliste russe. Attiré par les idées révolutionnaires, il déchantera dès 1919. Condamné un temps à l’exil, il quittera la Russie de 1921 à 1923. Cet auteur prolifique (46 œuvres, sans compter de nombreux articles) a révélé son talent autant en prose qu’en poésie. Dans le long poème Premier rendez-vous, écrit en 1921, il évoque sa jeunesse, sa rencontre avec le philosophe et poète Vladimir Sergueïevitch Soloviev (1853-1900). Malgré les difficultés de la traduction, on y décèle le foisonnement des images et le modernisme de son style qui marquera les générations futures. « Andreï Biély fut l’un des plus extraordinaires geysers de mots dans la littérature russe » (Georges Nivat).
Par Frisée, bibliothèque F. Sagan
Livre
Tristia : et autres poèmes
Edité par Gallimard - 1982
Dès 1913, Mandelstam rédige un manifeste, Le matin de l’acméisme. Ainsi, il place le mot au centre de sa poésie tant pour la musicalité que pour le sens. Il travaille l’étymologie afin d’accéder à l’histoire universelle que le mot contient. L’Antiquité colore ses vers jusqu’à se substituer à l’actualité politique dont elle parle en filigrane. Son recueil Tristia paraphrase le titre des élégies d’Ovide, rédigées durant son exil, mais illustre aussi son propre sort. Ses itinérances marquent son écriture, un lieu évoquant une femme, comme Moscou la poète, Tsvetaieva. Condamné aux travaux forcés, il est réhabilité et reconnu comme l’un des poètes russes les plus importants, après sa mort.
Par Chicorée, bibliothèque M. Duras
Livre
Poésies : poèmes choisis
Edité par La lettre volée - 1991
Grand poète de l’Âge d’argent, Alexandre Blok est associé à l’Ecole symboliste. Né à Saint-Pétersbourg en 1880 dans une famille cultivée et influencé par le philosophe mystique Vladimir Soloviev, Alexandre Blok connaît d’abord le succès grâce au théâtre et à sa poésie élégiaque célébrant l’amour de la femme idéalisée (recueil des "Vers de la Belle Dame" et surtout "L’inconnue" en 1906). Torturé et pressentant l’Apocalypse à venir, Blok connaît des années de crise intérieure. Il arpente les rues de Saint-Pétersbourg la nuit, cherchant l’oubli dans le vin et les femmes. La Révolution bolchevique de 1917 marque pour Blok l’avènement d’une rédemption possible. C’est une tempête célébrée avec ferveur dans ses poèmes les "Douze" et les "Scythes". Mais saisi d’angoisse face à ce monde terrible de violence, de censure et de répression qui en résulte, il s’efface et n’écrira plus jusqu’à sa mort en 1921.
Par Mesclun, bibliothèque Historique
Livre
Ma sœur la vie : et autres poèmes
Edité par Gallimard - 1988
Pasternak a longtemps hésité à devenir écrivain. Né à Moscou en 1890, Pasternak est fils d’un peintre célèbre et d’une mère musicienne. Son premier recueil de vers "Le Jumeau dans le Ciel" parut à Moscou en 1914, suivi de " Par-dessus les Barrières" en 1917. "Ma Sœur la Vie" fut écrit en 1917 mais ne fut publié qu’en 1922. S’il fut un temps séduit par l’avant-gardisme, il revint à son naturel profond : le classicisme. Ses poèmes étaient attendus comme une pluie fraîche sur la sécheresse des temps. Copiés, lus, récités par cœur, ils furent la manne dans cette famine de l’esprit qu’était devenue l’URSS. Envers toutes les vicissitudes, Pasternak s’est donné la mission de rester fidèle à sa musique intérieure. Il est le prince des métaphores. La vie était bien la sœur du poète : la vie en fleurs, la vie qui submerge. Et il ne sera fidèle qu’aux chants de la vie et des hommes. L’apogée de son œuvre poétique pour beaucoup se situe dans les vers de Youri Jivago, partie intégrante de son testament littéraire.
Par Feuille de Chêne, Bibliothèque Saint Eloi
Livre
Des poètes : Maïakovski, Pasternak, Kouzmine, Volochine
Edité par Des femmes - 1992
Poète issu du mouvement acméiste, fondé en rupture avec le symbolisme, Kouzmine semble peu à peu ressortir de l’oubli dans lequel il était tombé ces dernières décennies. De lui, on ne connaissait en France que quelques romans et nouvelles, dont "Les ailes" qui fit scandale en son temps et lui accola l’étiquette un peu réductrice de « Wilde de Saint-Pétersbourg ». Tsvetaeva, fascinée, évoque dans « Des poètes » le magnétisme de son regard, son « hâle de tsigane » et « le petit serpent framboise » de son sourire. Ouvertement homosexuel, il vécut certes comme il l’entendait, poète reconnu par l’élite intellectuelle, mais son œuvre fut ensuite ostracisée par la censure stalinienne, en raison même de son orientation. Dans 'La truite rompt la glace' (1927), premier cycle poétique enfin traduit en France, on est libre de voir la truite prisonnière comme une métaphore de l’homosexuel contraint au silence.
Par Scarole, bibliothèque A. Malraux
Livre
Poésie
Edité par Circé - cop. 2016
Moins connu que d’autres poètes, tels Mandelstam ou Maïakovski, Vladislav Khodassevitch (1886-1939) mérite cependant de figurer parmi les grands écrivains russes du 20e siècle. Poète et critique littéraire, il publie dès 1905 et joue un rôle important dans la vie intellectuelle russe. Victime de la censure, il émigre en 1921 en compagnie de l’écrivaine Nina Berberova avec qui il s’installe à Paris en 1925. Il y vivra jusqu’à sa mort. Le recueil bilingue intitulé Poésie, rassemble la "Nuit européenne", une de ses dernières œuvres poétiques, ainsi que des extraits d’œuvres plus anciennes ou inédites. Grand admirateur de Pouchkine, Khodassevitch demeure cependant à l’écart de tout mouvement littéraire et se démarque de ses contemporains par une grande liberté de ton et de style. Vladimir Nabokov qui le considérait comme « le plus grand poète russe de notre temps", en a fait un personnage de son roman "Le Don".
Par Frisée, bibliothèque F. Sagan
Livre
Requiem : poème sans héros et autres poèmes
Edité par Gallimard - impr. 2007
Anna Akhmatova est née en 1889, la même année que la Tour Eiffel comme elle aimait le rappeler. Sa jeunesse à Tsarkoé Selo la marque : « Si l’on t’avait prédit, moqueuse/La préférée de tous tes amis,/Joyeuse pécheresse de Tsarkoe-Selo,/Ce qui t’attendait dans la vie ». Ses premiers vers seront édités par son futur mari Goumilev en 1907. Elle voyage à Paris où elle se lie d’amitié avec Modigliani. De retour à ce qui est devenu Petrograd, elle publie " Le Rosaire" et acquiert la célébrité. Elle porte un regard critique sur la Révolution. Pendant la guerre civile, la ville est affamée, il gèle, pourtant les soirées poétiques se poursuivent, mais bientôt Goumilev est fusillé, Akhmatova est censurée. Malgré de nombreuses sollicitations pour émigrer, elle reste en URSS, choix qui lui vaudra une estime générale. Malade, effondrée après l’arrestation de son ami Mandelstam puis de son fils, elle commence à rédiger son plus beau recueil "Requiem" : « C’était le temps où ne souriait/Que le mort content d’être en paix ».
Par Mâche, bibliothèque Musset
Livre
À pleine voix : anthologie poétique, 1915-1930
Edité par Gallimard - impr. 2005
Né en 1894, fils d’un forestier géorgien, Vladimir Maïakovski publie ses premiers textes en 1912. Il adhère alors au futurisme qui lui parait seul capable de remplacer le symbolisme. Ses écrits se font plus idéologiques, le poète se confond avec le militant. Son univers poétique est chargé de dynamisme et d’impulsion lyrique. C’est ainsi que "Le nuage en pantalon", "La flûte de vertèbres" et " La guerre et l’univers" offrent une dimension littérairement forte, une véritable création basée sur trois éléments fondamentaux pour lui : l’amour, l’art, la révolution. Une figure majeure de la poésie dans l’Histoire.
Par Feuille de chêne, bibliothèque St Eloi
Tout voir
Sur la poésie russe...
En 1917 la poésie russe émerge de divers mouvements marqués par des –ismes divers. Comme l’écrit J. Sudre, ce fut d’abord, au tournant du siècle, le symbolisme avec Brioussov créateur du symbolisme russe avant de se figer dans l’académisme, dans son sillage Balmont qui joue avec les effets sonores, Zenaïde Hippius qui s’épanche dans un langage abstrait et Sologoub. Le mouvement se teinte peu à peu de mysticisme et trouve son apothéose avec A. Bély et surtout Alexandre Blok. Suite à des dissensions, il s’éteint pour donner naissance à deux grands mouvements qui vont révolutionner et régénérer la poésie russe : le futurisme et l’acméïsme.
Le futurisme ne doit que son nom à Marinetti (celui-ci sera d’ailleurs hué en 1912). Le futurisme slave se caractérise par un certain goût du scandale, le rejet des figures littéraires traditionnelles (de Pouchkine à Balmont), ainsi que des formes classiques. L’impact des images et le travail sur la langue (le goût pour les néologismes) sont préférés à la musicalité de la phrase ; Maïakovski et Khlebnikov en seront les figures les plus inventives (ce dernier expérimentant même des entretiens silencieux). L’acméïsme au contraire, fondé par Goumilev, Akhmatova et Mandelstam, se veut « accroché à la terre » et célébrant la vie quotidienne (en particulier Kouzmine qui donne une couleur plus hédoniste à ce mouvement) dans un langage simple et lyrique. Tous ces poètes : de Blok, Brioussov à Maïakovski, Khlebnikov en passant par Akhmatova et Essenine déclameront leurs vers dans le célèbre cabaret Le Chien errant de Saint Petersbourg.
La Révolution de 17 est presque immédiatement mise en scène dans le poème Les Douze de Blok. Certains lui donnent une interprétation christique (Bély, Essenine, Khlebnikov) tandis que d’autres s’engagent politiquement (Maïakovski, Brioussov). Les femmes sont plus méfiantes (Hippius, Akhmatova, Tsvetaieva). Dès le printemps 1918, Blok dénonce la fin des libertés, il meurt désespéré en 1921, quelques jours plus tard Goumilev est fusillé, la poésie d’Akhmatova est interdite pendant 15 ans, Mandelstam est censuré, certains se réfugient dans le silence, d’autres émigrent. Essenine se suicide en 1925.
Le futurisme devient LEF (Front Gauche de l’Art) en rejetant tout esthétisme et psychologie pour devenir une poésie de propagande ; Pasternak, qui y adhère, parvient tout de même à y insuffler son amour du cosmos. En 1928, Maïakovski condamne le LEF, qu’il avait lui-même fondé, pour se rapprocher du « réalisme socialiste », il adhère ensuite à l’association des Ecrivains prolétariens ; comme il se confie à un ami peu avant sa mort, il cesse d’être un poète pour devenir un fonctionnaire. Les poètes de l’émigration vont rester actifs : Balmont, Hippius, le classique Khodassevitch, l’exhubérante Tsvetaieva (qui se suicidera, elle aussi, de retour en URSS). Tandis que Mandelstam disparaîtra pour avoir caricaturé la figure de Staline, Pasternak et Akhmatova continueront de produire en secret ou entre deux interdictions.