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Film
Marceline. Une femme. Un siècle
Edité par Centre national du cinéma et de l'image animée - paru en 2018
Rescapée d'Auschwitz, devenue cinéaste, militante, écrivaine, Marceline Loridan-Ivens (1928-2018) n'a cessé d'affirmer sa liberté. Tourné dans la dernière année de sa vie, le film montre une Marceline à peine assagie par l'âge. Son expérience précoce de l'enfer l'a immunisée contre la peur. Elle s'est jetée parfois aveuglement dans les révolutions de son siècle - féminisme, maoïsme, cinéma militant. Au soir de sa vie, son identité juive refait surface. A 90 ans, Marceline Loridan-Ivens, coquette, rieuse, fantasque, passionnément vivante, écrit ses souvenirs (Et tu n'es pas revenu, 2015). En déportation, elle s'est liée d'amitié avec Simone Veil. Elles se retrouveront dans la bataille pour le droit à l'avortement et plus tard pour commémorer la Shoah. Mais Marceline a le cœur à l'extrême-gauche. Elle virevolte dans le Saint-Germain-des-Prés d'après-guerre, découvre avec Jean Rouch le cinéma direct (Chronique d'un été, 1961), s'engage contre le colonialisme (Algérie, année zéro, 1962). Sa rencontre avec Joris Ivens va décider de la suite. De trente ans son aîné, formé à l'école du cinéma soviétique, il a déjà parcouru le monde à la rencontre des damnés de la terre. Ensemble, ils partent au Vietnam (Le 17e Parallèle, 1968) puis, enthousiasmés par la révolution culturelle maoïste, tournent en Chine douze documentaires. "On a eu l'honnêteté de tout montrer, y compris nos erreurs", reconnaît-elle. Après la mort de Ivens, elle réalise une fiction à Auschwitz (La petite prairie aux bouleaux, 2002). Dans son appartement parisien où passent les amis de toujours, les rires fusent, la vie bouillonne.