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Musique
Tourbillons de Rameau
Edité par Wdr - paru en 2019
Rameau à l'accordéon ? L'expérience vaut le détour d'oreille. Si l'instrument n'a en soi pas la richesse de jeux de l'orgue ni la subtilité de timbre du clavecin, on appréciera la tentative téméraire de l'accordéoniste Teodoro Anzellotti, familier de ce genre de détournement (Les albums Satie et Scarlatti (même label). D'ailleurs, du délicieux "Rappel des Oiseaux" aux fringants "Cyclopes" en passant par la jubilatoire "Égyptienne", les pages animées et polyphoniques s'entendent très bien avec l'instrument à soufflet. Les danses (Rigaudons, Menuets, Musette en Rondeau) s'y prêtent aussi merveilleusement. On s'amusera de l'exubérant bavardage de la " Poule ", du pittoresque bigarré des "Sauvages" et des "Tricotets". En revanche, l'instrument, pourtant magistralement dompté par son maître, résiste parfois et semble alors impropre à délivrer la chimie ramiste. Les pages tendres, lentes et mélancoliques s'en ressentent. La cantilène de "L'Entretien des Muses" devient courroucée et saumâtre. Les Soupirs et Les Tendres plaintes sont vidés de leur suc, " L'Enharmonique " de sa plasticité. En regard des pages de Rameau, six compositeurs d'aujourd'hui convoqués par le maestro ont composé de courtes pièces pour accordéon. Si Fabio Nieder et Brice Pauset signent deux propositions pertinentes où se conjugue habilement la graphie de l'écriture et le jeu de l'interprète, les pièces du coréen Eun Hwa Cho, du français Xavier Dayer ne bousculent guère le cahier des charges. Johannes Schöllorn se livre lui à une exploration quasi aléatoire du clavier transformant la reprise des Sauvages en stance post-sérielle. Vous avez dit divagation ? (Jérôme Angouillant).