Temps fort "les frontières de la folie" dans les bibliothèques La folie dans la littérature
"Le jeune homme de l'hospice" de Roger Toulouse (1947)
A l'occasion du temps fort, "Les frontières de la folie", retrouvez nos sélections de livres classiques et contemporains sur la thématique de la folie, à emprunter en bibliothèque.
Face sombre de l’humanité, la folie est un thème très présent dans l’art et la littérature et est souvent utilisée pour permettre d’exorciser les passions. Dans l’Antiquité et même au Moyen Âge, le personnage du fou a une place reconnue dans la société. Avec l’avènement de l’époque classique, la folie devient maladie et ceux qui en souffrent deviennent des patients (enfermement, mise à l’écart, marginalisation).
Mais la folie est aussi créatrice et une source d’inspiration inépuisable. La notion de folie induit un questionnement multiple autour de l’œuvre et de sa création.
Est-ce l’auteur qui est fou ou bien ses personnages ? Y a-t-il interaction entre les deux ? Qu’est-ce que la folie ? Qu’est-ce que la normalité ? Il est des folies obsessionnelles (Moby Dick, La Folie Almayeur), des hallucinations (Hamlet, Les Nuits de Musset, Le Horla), des folies amoureuses (La Folie Tristan, Les souffrances du jeune Werther), des folies liées à l’alcool ou aux drogues (Artaud), au pouvoir (Caligula de Camus, Ubu roi), des comportements extravagants (Le baron perché) mais n’est-ce pas la société qui est parfois anormale (Don Quichotte, Oblomov, La Folle de Chaillot, les personnages de Dostoievski) ?
Le mot de la fin revient peut-être à Calderon dans La Vie est un songe : « Qu’est-ce que la vie ? Une folie. Qu’est-ce que la vie ? Une illusion, une ombre, une fiction et le bien suprême a peu de valeur car la vie toute entière n’est qu’un rêve ».
Sélection livres classiques
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Le vingtième siècle a modifié en profondeur le regard que nous portons sur l’aliénation mentale. Grâce à la psychanalyse, à la révolution des neuroleptiques qui réduisent les internements et au droit à l’expression artistique, l’écoute et le respect du malade ont succédé à la stigmatisation d’autrefois.
Ce regard empathique s’illustre notamment dans des récits de soignants (L’enfant bleu d’Henry Bauchau, Une passion pour le Y de Mary Dorsan), des témoignages de proches de malades (Fugitive parce que reine, Violaine Huismans, Mon étrange sœur de Marie Le Gall) ou des récits personnels dramatiques (Rien de s’oppose à la nuit de Delphine De Vigan, Rester vivant de Pierre Souchon).
A contrario, le personnage du fou violent se retrouve encore dans nombre de romans noirs (Viviane Elisabeth Fauville de Julia Deck, Shining de Stephen King) inspirant fascination et peur chez le lecteur. De même le fou en proie à des hallucinations nous interpelle en faisant vaciller nos repères par rapport à la réalité (Le peintre d’aquarelle de Michel Tremblay, Le festin nu de Williams Burroughs).
Il faut parler enfin des troubles bipolaires fréquents chez les artistes. Gérard Garouste a évoqué dans son autobiographie : L’Intranquille ses phases hautes de création intense et les périodes dépressives qui suivent. L’artiste-peintre est alors confronté à un dilemme affreux : vivre sereinement et museler sa créativité ou risquer sa raison ?
La folie revêt donc des formes innombrables et amène souvent des fins tragiques. C’est pourquoi la littérature, en donnant une forme esthétique à la réalité la plus triste, apporte une consolation et l’espoir d’une compréhension malgré tout, au-delà de la rationalité pure.
Sélection livres contemporains
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Par Marie-Aulde (bibliothèque Levi Strauss), Claudine (bibliothèque Musset), Agathe (bibliothèque Malraux), Audrey (BHVP) et Marie-Cécile (Bibliothèque Saint-Eloi).