Sélection Les mille visages de la vengeance
On a tous déjà pensé à se venger mais en littérature, certains en ont fait un art. En cette fin d'année, à l'heure où vous rêvez peut-être de prendre votre revanche sur les remarques désobligeantes de votre famille sur la cuisson de votre dinde à Noël dernier, nous vous proposons un florilège des plus belles vengeances littéraires.
La vengeance, une tragédie depuis la nuit des temps.
Si vous relisez les mythes, vous constaterez que la vengeance est presque un loisir comme un autre. Qu'on l'appelle Némésis chez les Grecs, Horus chez les Égyptiens ou Vidar chez les Nordiques, la vengeance est toujours représentée et symbolisée. Dans ces récits mythologiques, la vengeance des Dieux a souvent des répercussions plus profondes que prévu, y compris auprès d'innocentes victimes. Les auteurs antiques ne s'y sont pas trompés en y puisant une source d'inspiration inégalable. Difficile de ne pas évoquer la célèbre Electre que Sophocle, Euripide et même beaucoup plus tard Jean Giraudoux ont mise en lumière et qui incarne toute la tragédie qui peut découler d’une vengeance, ici, familiale ou même Médée, la vengeresse révoltée qui s'illustrera par de nombreux meurtres.
Shakespeare, grand dramaturge amateur de vengeances sanglantes y trouvera également matière que ce soit dans ses tragédies Hamlet ou encore Titus Andronicus.
La vengeance chez les Romantiques.
Chez les auteurs romantiques, la vengeance n'est plus seulement une question d'honneur et de justice mais également une raison d'être, une quête absolue. Ainsi Dantès dans Le Comte de Monte Cristo élabore le scenario d’une vengeance totale qui l’amènera malgré tout vers la rédemption. Dans Les Hauts de Hurle-vent, Emily Brontë, à travers le personnage d’Heatcliff aborde elle aussi le jusqu’au-boutisme de la vengeance. Durant cette période, c'est également l'époque où l'on voit fleurir un genre particulier de vengeance, la vendetta. Cette dernière, pratiquée particulièrement dans certaines régions méditerranéennes, notamment en Corse, est la poursuite de la vengeance d'une offense ou d'un meurtre, qui se transmet à tous les parents de la victime : Mérimée avec Colomba en est un des exemples les plus connus, mais Balzac ou Maupassant se sont aussi passionnés pour cet héritage familial de la vengeance… Aujourd’hui encore la vendetta reste un sujet porteur dans la littérature.
La vengeance peut-elle servir le Bien ?
Enfin, question philosophique par excellence, la vengeance peut-elle vraiment être au service du Bien ? Si parfois l’auteur ne laisse planer aucun doute quant aux intentions réelles de ses personnage, il est d’autres fois plus complexe de saisir la légitimité des motivations du vengeur et ses limites. Et surtout la vengeance est-elle réellement salvatrice ? Dans le polar La Colère de S. A. Cosby, deux pères cherchent à se venger de la mort de leurs fils respectifs, ils n’ont plus rien à perdre pour arriver à leurs fins, mais le chemin pour y arriver est semé de meurtres et ne répare finalement pas la tristesse du deuil.
La vengeance reste donc un thème extrêmement prolifique dans la littérature. Des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos à La Vengeance m’appartient de Marie N’Diaye en passant par La Cousine Bette de Balzac, cette action si propre à la nature humaine n’est pas prête d’arrêter de faire couler de l’encre.
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Par Julie L., bibliothèque Arthur Rimbaud