Journées européennes du Patrimoine à la MMP (1er) Le pianoforte à l'honneur
Du 16 au 18 septembre, pendant les Journées du Patrimoine, la Médiathèque musicale de Paris fête le pianoforte : concerts, conférences, table ronde, masterclasse, et donne à voir et à entendre les instruments replacés dans leur contexte historique. Découvrez le programme !
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Le pianoforte tire ses origines du clavecin, à cordes pincées, et du clavicorde, à cordes frappées. Le premier gravicembalo col piano e forte naît en Italie en 1709 sous la main de Bartolomeo Cristofori. C’est donc un clavecin (gravicembalo) sur lequel les sautereaux qui pincent les cordes sont remplacés par de petits marteaux, avec un système (appelé échappement) permettant à chaque marteau de quitter la corde dès qu’il la frappe. Cette mécanique ouvre la porte à un grand panel de nuances, que l’on peut contrôler du piano jusqu’au forte grâce à la vitesse d’attaque et au poids donné sur les touches.
L’instrument ne connaît guère de succès en Italie. C’est surtout en Allemagne qu’il se développe, à partir de 1730 dans l’atelier de Gottfried Silbermann. Puis les facteurs se succèdent : Stein (années 1770), Walter (années 1790), Graf (à partir de 1805). Simultanément, outre-Manche, Backers (élève de Silbermann), Broadwood et Stodart contribuent de leur côté au développement de la mécanique anglaise, qui conduira aux pianos modernes au détriment, finalement, de la mécanique viennoise.
En France, Marie-Antoinette, elle-même musicienne, se lie d’amitié dès 1774 avec Sébastien Erard, facteur de pianos, futur facteur du roi et inventeur du double-échappement en 1821. Partout en Europe, les salons jouent un grand rôle dans la diffusion de la musique.
Au tournant du siècle, en plein âge d’or, le pianoforte, instrument bourgeois par excellence, a supplanté ses ancêtres. Les facteurs rivalisent d’inventivité, et d’innombrables modèles voient le jour : pianos à queue, pianos carrés, pianos de table, pianos-lyres, pianos-girafes, pianos verticaux…
Peu à peu, les innovations techniques donnent naissance à des instruments plus solides, plus grands, plus lourds, plus éclatants. L’étendue du clavier s’élargit, les cordes sont renforcées, la table d’harmonie s’épaissit, le cadre qui soutient les cordes gagne en résistance, la mécanique est perfectionnée (marteaux, échappement, pédales…). Au fil des décennies, ces multiples améliorations modifient la sonorité des instruments, qui devient de plus en plus riche, plus volumineuse, plus puissante. Certainement parfois même trop puissante pour la musique de l’époque classique...
Forts de ce constat, de nombreux musiciens se passionnent aujourd’hui pour une approche historique de l’interprétation, et cherchent à retrouver une sonorité la plus authentique possible. Pour répondre à cette demande, certains facteurs se spécialisent dans la réalisation de copies d’instruments anciens. On retrouve ainsi l’univers sonore des compositeurs à leur époque, et la sonorité perlée, légère, délicate, parfaitement adaptée aux répertoires des classiques, de Clementi à Schubert, voire Mendelssohn, en passant par Haydn, Mozart et Beethoven. Aux répertoires, au pluriel, car la facture instrumentale a bien sûr épousé les multiples intentions musicales et exigences d’écriture des uns et des autres, et offre par là même une richesse de couleurs et de timbres très différents, dans tous les registres.
A l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine, la Médiathèque musicale de Paris fête le pianoforte : concerts, conférences, table ronde, masterclasse, et donne à voir et à entendre les instruments replacés dans leur contexte historique : le pianoforte (aimablement prêté par le conservatoire municipal Charles Munch du 11ème arrondissement), l’épinette (prêtée par le conservatoire municipal Jean-Philippe Rameau du 6ème arrondissement) et le clavicorde (prêté par l’association Clavecin En France).
Pour tout renseignement : mmp@paris.fr
Programme complet : JEP PIANOFORTE 2022 | Médiathèque musicale (parismmp.wixsite.com)
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