Prix des lectrices et des lecteurs 2022 Interviews des auteurs et autrices sélectionné.e.s
A l'occasion du Prix des lectrices et des lecteurs 2022, les autrices et auteurs sélectioné.e.s ont répondu à nos questions sur leur travail ! Découvrez ainsi les interviews de Alain Mascaro, Mariette Navarro, Adèle Rosenfeld, Timothée Stanculescu et Matthieu Zaccagna. Pour rappel : vous avez jusqu’au 14 mai pour voter pour votre premier roman préféré.
Les interviews
Alain Mascaro
«J'écris « sérieusement » depuis le collège (4ème), grâce à une enseignante qui m'a particulièrement marqué et à laquelle je dois à la fois ma vocation de professeur et celle d'écrivain.»
auteur de Avant que le monde ne se ferme (Ed. Autrement)
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Pouvez-vous résumer en quelques phrases votre roman ?
C’est une épopée qui raconte l’odyssée d’un jeune tzigane dresseur de chevaux, Anton, qui va affronter le porajmos, c’est-à-dire le génocide dont les siens sont victimes. Il va devenir la mémoire de son peuple. C’est aussi l’histoire d’une formidable résilience, celle d’un homme qui sublime sa « vengeance ». Pour finir, c’est un roman de l’enfance, de l’errance et du voyage, une histoire qui s’apparente à un conte.
C’est une première publication, mais écrivez-vous depuis longtemps ?
J’écris « sérieusement » depuis le collège (4ème), grâce à une enseignante qui m'a particulièrement marqué et à laquelle je dois à la fois ma vocation de professeur et celle d'écrivain.
Quand vous avez appris que vous étiez sélectionné pour le Prix des lecteurs des Bibliothèques de la Ville de Paris, quelle a été votre réaction ?
J’ai été très heureux parce que c’est à la fois un prix de lecteurs et un prix de bibliothèques. Les lecteurs qui fréquentent les bibliothèques sont souvent de grands lecteurs, voire des lecteurs compulsifs ; ils lisent des choses très variées, justement parce dans une bibliothèque, tout est à portée de main, du dictionnaire à Proust. C’est intéressant et exaltant d’être lu par eux.
Fréquentez-vous une bibliothèque ou une médiathèque ?
J’ai longtemps fréquenté la Bibliothèque Universitaire de Clermont-Ferrand, un lieu un peu austère mais propice au travail, où les livres ne sont pas directement accessibles. Avant de partir errer autour du monde, je fréquentais aussi la Médiathèque Valery Larbaud de Vichy (dans l’Allier).
Avez-vous une librairie préférée ?
Je fréquentais les Librairies « A la Page » et « Carnot » à Vichy, une "grande" et une "petite" librairie mais toutes deux farouchement indépendantes. Le fait de devenir nomade m’a contraint à adopter une liseuse. C’est plus simple que de traîner toute une bibliothèque dans son sac-à-dos ! Mais ces derniers temps, les livres « en papier » sont revenus dans ma vie quotidienne.
Quel.le est l’auteur ou l'autrice que vous préférez ? Pourriez-vous donner des pistes de lectures ?
J’ai cessé de préférer un auteur à un autre. Mais longtemps, j’ai préféré Romain Gary. Pour son humanisme, pour son exaltation de la féminité, sa capacité à créer des personnages (y compris le sien), pour son sens du romanesque et de la démesure. J'ai absolument tout lu de Gary. Parmi mes romans préférés: "Les racines du ciel", "Les mangeurs d'étoiles", "Les enchanteurs", "Chien blanc", "La danse de Gengis Cohn", "Clair de femme", "Les cerfs-volants" et les quatre romans signés Ajar. Mais en vieillissant, j’ai appris à accueillir bien des auteurs différents, sans hiérarchie ni logique dans la progression. J’entre dans leurs mondes et j’en ressors pour aller dans d’autres. Je suis devenu un errant de la lecture, en quelque sorte. C’est un voyage qui ne nécessite ni déplacement ni passeport.
Est-ce qu’il y a un premier roman qui vous a marqué ?
Un premier roman qui n’en était pas un, d’un écrivain qui n’était pas celui que l’on croyait. « Gros Câlin » d’Émile Ajar. Voilà pour hier. En ce qui concerne aujourd’hui, le fait d’avoir publié mon premier roman m’a fait rencontrer un certain nombre de primo-romanciers ; j’en ai lu beaucoup, plus qu’à l’accoutumée, et là aussi j’ai découvert des mondes différents. Des mondes qui valaient le détour. Parmi les romans qui sont parus en même temps que le mien, j’ai eu un gros coup de cœur pour "L’invention de Louvette" de Gabriela Trujillo (Verticales), "Les envolés" d’Étienne Kern (Gallimard), "Ultramarins" de Mariette Navarro (Quidam) et "Mobylette" de Frédéric Ploussard (Héloïse d’Ormesson).
© Philippe Malone
Mariette Navarro
"Ultramarins, au-delà de sa fable, est une traversée des doutes et des vertiges, pour un groupe d’êtres humains arrêtés au milieu de l’océan"
autrice de Ultramarins (Ed. Quidam éditeur)
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Pouvez-vous résumer en quelques phrases votre roman ?
Une commandante de cargo autorise un jours ses marins à se baigner en pleine mer. Suite à cette plongée, le retour à bord ne s’effectue pas comme prévu, et des phénomènes étranges commencent à se produire… Ultramarins, au-delà de sa fable, est une traversée des doutes et des vertiges, pour un groupe d’êtres humains arrêtés au milieu de l’océan.
C’est une première publication, mais écrivez-vous depuis longtemps ?
Ultramarins est un premier roman, mais j’ai déjà publié deux livres chez l’éditeur de poésie Cheyne, et six pièces de théâtre aux éditions Quartett. Le premier livre a été publié en 2011, mais j’écris régulièrement depuis mon enfance.
Quand vous avez appris que vous étiez sélectionnée pour le Prix des lecteurs des Bibliothèques de la Ville de Paris, quelle a été votre réaction ?
Une grande reconnaissance pour le travail de fourmi des bibliothécaires, pour leur curiosité, et pour l’importance de leur rôle pour mettre en avant un titre auprès des lecteurs. C’est aussi l’occasion pour moi de me pencher sur d’autres titres de cette année, d’élargir mon horizon!
Fréquentez-vous une bibliothèque ou une médiathèque ?
Je vais régulièrement faire le plein dans le rayon jeunesse de la bibliothèque Oscar Wilde, dans le 20ème. J’apprécie aussi le fonds spécifique de cette bibliothèque en littérature théâtrale contemporaine.
Avez-vous une librairie préférée ? Laquelle ?
J’ai la chance d’être dans un quartier entouré de librairies. J’aime les librairies indépendantes, elles ont chacune leur personnalité et se complètent. Je fréquente beaucoup l’Atelier, à Jourdain, en ce moment, où j’ai toujours envie de repartir avec tout ce qu’il y a sur les tables.
Quel.le est l’auteur ou l'autrice que vous préférez ? Pourriez-vous donner des pistes de lectures de cet auteur / autrice ?
C’est une question difficile car il y en a beaucoup, selon les périodes, selon ce sur quoi je travaille. Mais je vous recommande de découvrir Hélène Bessette si vous ne la connaissez pas encore.
Est-ce qu’il y a un premier roman qui vous a marqué ?
Cette année, j’ai beaucoup aimé notamment la liberté du livre de Laura Vazquez, La semaine perpétuelle (éditions du Sous-sol).
Adèle Rosenfeld
«J’écris des histoires depuis l’enfance. Des contes noirs.»
autrice de Les méduses n'ont pas d'oreilles (Ed. Grasset)
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Pouvez-vous résumer en quelques phrases votre roman ?
Louise, la narratrice du roman, se trouve confrontée à une perte d’audition. Face à cette langue qui se troue de plus en plus, aux mots qui disparaissent, elle est prise en tension entre une imagination débordante avec des personnages imaginaires et les impératifs de la vie d’une jeune femme citadine. L’univers singulier de Louise, sa façon de reconstituer les phrases en lisant sur les lèvres, son herbier sonore, dans lequel elle décrit poétiquement les sons disparus, sa façon de s’adapter ou non aux normes, vacille quand elle doit décider ou non de se faire poser un implant.
C’est une première publication, mais écrivez-vous depuis longtemps ?
Oui, j’écris des histoires depuis l’enfance. Des contes noirs.
Quand vous avez appris que vous étiez sélectionnée pour le Prix des lecteurs des Bibliothèques de la Ville de Paris, quelle a été votre réaction ?
Étant une grande adepte des bibliothèques, pour y travailler, ou pour découvrir des nouvelles lectures, quand j’ai appris la nouvelle, j’étais survoltée : un milieu si important m’offrait une telle reconnaissance !
Fréquentez-vous une bibliothèque ou une médiathèque ?
Oui, j’en fréquente plusieurs ! Celles où je vais le plus souvent : Marguerite Yourcenar (Paris 15) et Marguerite Duras (Paris 20).
Avez-vous une librairie préférée ? Laquelle ?
Difficile de dire laquelle je préfère parmi les librairies indépendantes. Ce sont des lieux singuliers, avec des engagements et des personnalités qui envoûtent chacune à leur manière.
Quel.le est l’auteur ou l’autrice que vous préférez ? Pourriez-vous donner des pistes de lectures ?
Pour n’en citer qu’un, il y a Les Saisons de Maurice Pons. L’écriture incisive, l’humour et le soubassement philosophique de ce texte m’ont beaucoup inspirée.
Est-ce qu’il y a un premier roman qui vous a marqué ?
La semaine où Les méduses n’ont pas d’oreilles ont été publiées, on m’a parlé de L’Étrangère de Claudia Durastanti, que j’ai dévoré. Outre une thématique partagée – la surdité –, il y a cette interrogation sur la langue – et le silence –, sur le rapport d’étrangeté qui en découle, liée au fait que la narratrice navigue entre plusieurs langues, différentes cultures (États-Unis et Italie). Je me suis sentie proche de la façon dont l’auteure tresse les multiples références scientifiques ou artistiques, les scènes de vie et l’humour noir.
Timothée Stanculescu
"Marguerite Duras est l'une de mes autrices préférées. Dix heures et demie du soir en été, L'Amant et L'amante anglaise seraient mes suggestions de lecture pour découvrir Duras."
autrice de L'éblouissement des petites filles (Ed. Flammarion)
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Pouvez-vous résumer en quelques phrases votre roman ?
Justine a seize ans et les grandes vacances sont prévisibles : calmes, ennuyeuses et canniculaires. Mais la disparition mystérieuse d'Océane, une adolescente de son village, plonge toute la communauté dans l'inquiétude alors même que Justine s'éveille au désir, violent, quand arrive dans sa vie un homme, le jardinier de sa mère.
C’est une première publication, mais écrivez-vous depuis longtemps ?
J'ai commencé à écrire enfant puis tout au long de l'adolescence. J'ai suivi des études de cinéma, en me spécialisant dans le scénario avant de revenir à l'écriture littéraire, en parallèle de mon activité de scénariste.
Quand vous avez appris que vous étiez sélectionnée pour le Prix des lecteurs des Bibliothèques de la Ville de Paris, quelle a été votre réaction ?
J'étais très flattée et touchée d'avoir été sélectionnée pour ce prix. C'est très émouvant d'avoir des lectrices et des lecteurs, c'est pour eux que j'écris.
Fréquentez-vous une bibliothèque ou une médiathèque ?
La Bpi du Centre Pompidou, place Georges Pompidou dans le 4ème arrondissement de Paris.
Avez-vous une librairie préférée ?
La Régulière, rue Myrha, dans le 18ème arrondissement : très belle sélection de livres, on peut boire un café sur place et il y a même un chat !
Quel.le est l’auteur ou l'autrice que vous préférez ? Pourriez-vous donner des pistes de lectures ?
C'est très difficile de ne choisir qu'un seul nom, mais Marguerite Duras est l'une de mes autrices préférées. Dix heures et demie du soir en été, L'Amant et L'amante anglaise seraient mes suggestions de lecture pour découvrir Duras.
Est-ce qu’il y a un premier roman qui vous a marqué ?
Bonjour tristesse de Françoise Sagan.
Matthieu Zaccagna
"J’ai une affection particulière pour Patrick Modiano, dont les romans rendent un magnifique hommage aux quartiers de Paris."
auteur de Asphalte (Ed. Noir sur blanc)
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Pouvez-vous résumer en quelques phrases votre roman ?
Asphalte, c'est l'histoire d'un jeune homme, Victor, qui court dans les rues de Paris pour échapper à un père tyrannique. Et sa rencontre avec Rachid, un skateur qui fuit son existence suite au décès tragique de son frère. Asphalte, c'est le terrain de jeu de ces deux garçons à la dérive, et cette surface rugueuse qu'ils cherchent à s'approprier pour mieux répondre à la violence que la vie leur inflige.
C’est une première publication, mais écrivez-vous depuis longtemps ?
J’écris depuis mon arrivée à Paris, en 2003. Début d’écriture dans un studio, au fond d’une impasse sombre du 18ème. Du rap et des films de Maurice Pialat comme premières inspirations.
Quand vous avez appris que vous étiez sélectionné pour le Prix des lecteurs des Bibliothèques de la Ville de Paris, quelle a été votre réaction ?
De la satisfaction bien sûr, liée à une forme de reconnaissance. De la joie aussi, que mon roman, qui a pour cadre les rues de Paris, soit associé à cette ville et à ses lecteurs.
Fréquentez-vous une bibliothèque ou une médiathèque ?
Oui, la bibliothèque Robert Sabatier, dans le 18ème, près de laquelle j’habite.
Avez-vous une librairie préférée ? Laquelle ?
La librairie Actes Sud, située sur le parc de la Villette, où je travaille.
Quel.le est l’auteur ou l'autrice que vous préférez ? Pourriez-vous donner des pistes de lectures de cet auteur / autrice ?
J’ai une affection particulière pour Patrick Modiano, dont les romans rendent un magnifique hommage aux quartiers de Paris. La mélancolie qui émane de ses livres est bouleversante. Comme son art d'évoquer ce qui a disparu, ce qui n'est plus.
Est-ce qu’il y a un premier roman qui vous a marqué dans vos lectures ou votre vie ?
Mes Amis, premier roman d’Emmanuel Bove. C’est ce roman je crois, par la sensibilité de son narrateur, qui m’a le plus influencé dans l’écriture.