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Livre
Kubrick : le cerveau et le monde
Edité par Les éditions indépendantes
Une exposition à la Cinémathèque, une rétrospective intégrale (moins un film - le premier, Fear and desire, ayant été désavoué par le maître), un coffret DVD, une riche actualité éditoriale : le printemps sera kubrickien. Pourtant, l'oeuvre n'a jamais connu d'éclipse, sa fascination sur les jeunes générations de cinéphiles demeure inentamée. Ses particularités sont multiples : l'une d'elles tient à ce que cette oeuvre combine une relative rareté (seulement treize films) et une impressionnante longévité. La filmographie de Kubrick couvre en effet pas moins de cinq décennies, s'étend de 1953 à 1999. Elle a traversé sans peine la plus forte des mutations historiques : la chute, au mitan du XXe siècle, du système des studios et l'ère dite classique du cinéma américain. Née dans l'extrême marge avec un film autoproduit et totalement atypique (Fear and desire), l'oeuvre de Kubrick escalade pourtant à vive allure les échelons : série B très fauchée (Le baiser du tueur), puis un peu moins (L'ultime razzia), prestige movie (Les sentiers de la gloire), et, tandis qu'Hollywood luit de ses derniers feux avant l'effondrement de la fréquentation des sixties, le film à grand spectacle, genre terminal visant à déjouer la concurrence de la télévision (Spartacus). Mais pendant que le classicisme agonise, le cinéma de Kubrick prend de l'ampleur. Il participe de toutes les constructions de la modernité : morales (sexe et violence - Lolita et Orange mécanique), idéologiques (la charge satirique de Dr. Folamour), esthétique (avec, de 2001 à Full metal jacket, des coups de force narratifs inouïs) et même techniques (les effets spéciaux de 2001, les plans éclairés à la bougie de 2001, le Steadicam reptilien de Shinning). Ce qui frappe dans l'oeuvre, c'est donc son adaptabilité. Le ruban de ses films est comme le récit de 2001. Il traverse plusieurs âges, s'origine dans la préhistoire de l'Hollywood classique et court jusqu'à un star system encore en place (Cruise, Kidman : Eyes wide shut). Chacun de ces jalons est comme ce monolithe noir, chaînon qui permet de joindre deux temps de l'histoire des formes et dont on ne sait s'il vient d'un passé éloigné ou d'un futur lointain et qui du ciel des idées semble contempler l'ordinaire des hommes, l'ordinaire des films. (source : éditeur). Notice rédigée d'après la couv.