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Livre
Les cancrelats, à coups de machette
Edité par Éditions Goater - paru en DL 2018
Une intrigue policière dans les années 1990, ayant pour cadre le massacre des Tutsi par les Hutus et l'attitude ambiguë de la France face au génocide rwandais. Une plongée au coeur des mécanismes du meurtre, de la violence et de la lâcheté des pouvoirs, à la recherche de la vérité. ©Electre 2018
Collection Noir (Rennes)
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Pour ne pas oublier la lâcheté de l'ONU et des pays occidentaux dont la France face au génocide des Tutsis par les Hutus en 1994
Je découvre Frédéric Paulin avec ce roman époustouflant "Les cancrelats à coups de machette" qui, bien qu'étant une fiction, trouve racine dans des faits réels. Les personnages sont peut-être inventés, hélas ce qu'a vécu le peuple Rwandais a bien eu lieu avec le génocide des Tutsis par les Hutus en 1994 et dont le bilan s’est élevé à 800 000 morts en 100 jours. Vingt ans plus tard, on découvre les corps mutilés de Hutus réfugiés en France après que le vent avait tourné en leur défaveur. L’heure de la vengeance a sonné. Les soupçons portent sur un ancien champion de boxe tutsi qui a miraculeusement échappé aux machettes. Un “cancrelat” comme les Hutus surnommaient les Tutsis. Il est également recherché par une ex qui elle aussi a miraculeusement échappé à l’exécution en étant prostituée de force. Tel est le prétexte du roman pour revenir sur les horreurs du génocide avec le parcours des deux héros qui s’en sortent par miracle, un parce qu’il est sportif de haut niveau et qu’il se retrouve sous la protection d’un militaire hutu féru de boxe, l’autre parce qu’elle est jolie et qu’elle est plus utile à épancher les bas instincts que découpée façon puzzle au fond d’une fosse commune à même la rue dans la capitale rwandaise. L’auteur décrit les horreurs du génocide, car tel est bien le sujet du roman, plus que la série de meurtres dans nos vertes campagnes. Il décrit les effroyables rues de Kigali bondées de corps mutilés. Ici, le fils conducteur de ce roman policier, l'enquête, n'est qu'un prétexte. Bien qu'étant très bien menée, l'intérêt est ailleurs, car ici L Histoire est contée. Ici pas besoins d'images, les mots sont là. Le mal est dans ce livre. Ce n'est pas un monstre, il a un visage et ce visage est celui de l'Homme est de sa folie, de sa cupidité, de sa haine et de sa violence. À travers ce livre, Frédéric Paulin décrit les mécanismes de la violence, du meurtre, l'attitude ambigüe de la France face à ce génocide et coupable a minima d’avoir fermé les yeux ainsi que les lâchetés de l’Onu et des pays occidentaux qui virent venir ce massacre et le laissèrent se dérouler sans intervenir, voire en continuant de soutenir le gouvernement rwandais. Les faits narrés sont effroyables. Ça fait souvent froid dans le dos ; ça soulève le cœur à maintes reprises ; ça dessille les yeux sur l’abominable face obscure de l’âme humaine et ça en fait donc une œuvre utile à l’instar d’une piqûre de rappel un peu brusque. Pour ne pas oublier. Pour se prémunir, une fois encore. Et pour, rêvons un peu, inventer des remèdes ou des concepts dans le meilleur des cas à même d’éviter les récidives et les radotages de l’Histoire (rarement à court d’idées pour raviver la barbarie à l’encontre de ceux qui auront été considérés comme des « riens », des cancrelats, qu’on pourrait dès lors impunément écrabouiller sous son talon).
ACZ - Le 13 novembre 2020 à 23:56