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Film
Génération écrans, génération malade ?
Edité par Arte France Developpement - paru en 2021
Avant d'avoir l'âge d'entrer à l'école, en Chine comme en Occident, un enfant passerait jusqu'à six heures par jour devant un écran. En consultation, les pédiatres remarquent chez les tout-petits exposés à la télévision, au smartphone ou encore à la tablette des troubles du comportement et de l'apprentissage tels une intolérance à la frustration et un rejet des limites, mais aussi un retard de langage. À l'adolescence, période clé pour le développement du cerveau, les pratiques numériques se multiplient avec l'utilisation massive des réseaux sociaux et des jeux vidéo. Outre la mécanique des applis qui stimulent notre circuit de la récompense pour nous rendre dépendants, les médecins dénoncent aussi l'augmentation de l'addiction aux jeux vidéo, une maladie reconnue depuis 2018 par l'Organisation mondiale de la santé. En Chine, un des pays les plus touchés par le phénomène, les parents sont nombreux à envoyer leurs enfants dans des centres de désintoxication spécialisés qui "soignent" à coups d'entraînements militaires et de séances de méditation cette "pathologie" assimilée à une déviance. Il faut en moyenne vingt ans de recherche scientifique pour démontrer l'effet d'un nouveau facteur sur le corps humain. Des éléments inquiétants commencent à apparaître, mais l'exposition aux écrans date d'environ dix ans chez les enfants et les adolescents. Les chercheurs multiplient cependant les études pour en comprendre les répercussions, comme cette expérience réalisée à l'hôpital des enfants de Seattle, qui met en évidence des troubles du comportement (impulsivité, difficultés de concentration) chez des souriceaux exposés intensément à des programmes animés. Mais en Californie, une étude suggère qu'à petites doses, les jeux vidéo permettraient d'améliorer les capacités cognitives. Dans le contexte de défiance générale face aux écrans, Raphaël Hitier dresse un panorama éclairant, et nuancé, des dernières avancées scientifiques, nourri de témoignages de spécialistes en neurosciences et addictologie, de médecins psychiatres comme le Français Serge Tisseron, mais aussi de jeunes ados gamers.