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Musique
Sinfonia antartica - Symphony No. 7
Edité par Distrart - paru en C 2023
Vaughan Williams et le cinéma. Il y aurait un petit opuscule à écrire sur ce sujet. A compter de 1940 et suite au succès remporté par la partition qu'il composa pour "49e Parallèle", Le compositeur de "Job" céda plusieurs fois à la tentation de la musique illustrative, son orchestre étant depuis ses début autant dévolu à l'ouïe qu'à la vue. Sommet de cette veine, la grande partition écrite pour le film retraçant l'ultime expédition de Robert Falcon Scott pour atteindre le Pole Sud. Vaughan Williams ne fut pas le seul compositeur figurant au générique du film, mais il savait qu'il assemblait ici le matériau de sa Septième Symphonie, reprenant la quasi-totalité des portées noircies pour la pellicule. La partition est fascinante par son pouvoir d'évocation, les déserts glacés du pôle libérant le chant étrange de la soprano, ici juste irréelle comme il le faut dans la belle voix d'Elizabeth Watts. Martyn Brabbins soigne les atmosphères dans les géniales transparences harmoniques osées par Vaughan Williams. Toute grande version d'une partition qui n'avait pas retrouvée une telle puissance d'évocation depuis l'enregistrement princeps d'Adrian Boult pour Decca, lequel avait pris soin de confier à John Gielguld les textes notés en marge de la partition par le compositeur. Martyn Brabbins n'aura pas voulu ajouter les récits à la musique, et c'est tant mieux au fond, tant il soigne les passages pianissimos que la voix polluerait (le début spectral du Lento). On tient là la grande version moderne de l'oeuvre, tout comme pour la sombre Neuvième Symphonie, testament spirituel et méditation, commencée dans un choral où semble veiller une tempête, partition d'une puissance cataclysmique qui résume l'orchestre élégiaque et fulgurant de ce génie. (Jean-Charles Hoffelé)