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Livre
Le barman du Ritz : roman
Edité par Albin Michel - paru en DL 2024
Paris, pendant la Seconde Guerre mondiale. Alors que la ville est occupée par l'armée allemande, un seul palace demeure ouvert, le Ritz qui devient le quartier général de la Luftwaffe. Entre ses murs, se croisent et se côtoient les hommes de la Gestapo, des célébrités, des résistants et des profiteurs de guerre sous le regard acéré de Franck Meier, le barman. Premier roman. ©Electre 2024
Collection : Romans français
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Un roman historique captivant!
J'écoutais les émissions de Philippe Collin sur France Inter. Je découvre Philippe Collin romancier et c'est un coup de coeur absolu. L'auteur, dans ce premier roman, nous relate la vie du célèbre barman, spécialiste des cocktails, Frank Meier. L'intrigue se déroule plus particulièrement durant la période de l'occupation allemande, en France, de juin 1940 à août 1945, à l'hôtel du Ritz. L'histoire avec un grand H vue à travers les yeux et les oreilles du barman. Frank Meier est né en Autriche, de parents d'origine juive et de condition modeste, il décide à peine adulte de partir seul aux États Unis afin de s'y construire un avenir meilleur. Il y rencontrera et travaillera avec les personnes qui le formeront au métier de barman et contribueront à sa réussite. En effet il publiera un livre sur l'art du cocktail qui le rendra célèbre dans le monde entier. Il s'engagera également dans les rangs de l'armée française durant la guerre 14-18. Ensuite il sera engagé à l'hôtel du Ritz, il y créera le bar « Hemingway ». La notoriété ne tarde pas à arriver aussi bien pour l'hôtel que pour le barman. Frank Meier revit alors ses plus belles années, telles qu'aux États Unies, il a créé un lieu à son image. Son métier ne se limite pas qu'à servir des cocktails, c'est aussi une façon d'être avec les clients., de savoir entendre sans paraître écouter. Il se doit d'être discret, autant que d'être jovial, sociable, tolérant, empathique et patient avec le client. Franck côtoie le gratin du moment tels que: Coco Chanel, Sacha Guitry, Jean Cocteau, mais doit également supporter sa patronne, la veuve Ritz qu'il surnomme la Vieille. Un sacré personnage, acariâtre, ne pensant qu'à ses intérêts personnels et ceux de son hôtel, elle exploite à bon escient la popularité de son barman. Lorsque la période de l'occupation survient, l'ordre établi des choses change. La crème de l'armée allemande s'installe au Ritz, elle est ravie de passer ses soirées au bar de Franck Meier, dont elle a tant entendu parler et de siroter ses fameux cocktails. Franck n'a alors jamais pratiqué aussi bien l'art du paraître, il est très apprécié par les généraux allemands. Ces derniers s'épanchent, voire se confient à son bar, le sollicitent. Ils ne soupçonnent pas que Franck et son apprenti Luciano sont juifs, que Franck par exemple aide d'autres juifs à obtenir de faux papiers afin de s'enfuir… durant les 5 années de l'occupation, Franck naviguera en sous marin, donnera le change afin de survivre, il protègera les siens, les conseillera sur la conduite à tenir face aux Allemands, tel Luciano son apprenti á qui il dira: « N'oublie pas : ce bar est un théâtre de masques. Soigne bien celui que tu portes et ne néglige rien ». J'ai apprécié cette biographie qui suit la temporalité de l'époque, le narrateur y décrit les événements qui impactent de près ou de loin la vie de l'hôtel et celle de Franck, on a l'impression d'y être. le lecteur lui aussi côtoie ces généraux allemands , ainsi que leur points de vue. L'auteur insère également dans ces pages, des extraits du journal intime de Franck, (qui est fictif), ce dernier y raconte des pans de son enfance, ainsi que ses états d'âme vis à vis de la situation de l'époque. Cela triture sa conscience, il est sain et sauf mais à quel prix… Frank doit reconnaître qu'au Ritz, même cernés d'uniformes, il a vécu la guerre comme un embusqué. Il a mangé à sa faim, il n'a jamais eu froid- il a même réussi à se constituer un magot non négligeable...mais qui saura le lot de pertes, d'angoisses et de danger que cette guerre a engendré? il a dû cacher son identité, il a perdu ce qui lui restait d'illusions... Il paie chaque jour l'impôt de la souffrance. Grâce à ce procédé, le lecteur se sent plus proche de Franck, le comprend, ressent de l'empathie pour ce dernier. Franck ne se résume pas à une machine à cocktail; malgré la guerre, son humanité est plus présente que jamais: il est pétri de culpabilité, d'angoisses, avec le sentiment de ne pas être à sa place, peur que les Alliés le considèrent comme un collabo. L'auteur a su insuffler du corps, de la vie à son roman; il a su trouver je pense, un juste milieu entre le contexte historique, les événements et Franck, l'être humain.
ACZ - Le 27 octobre 2024 à 18:08