0 avis
Musique
New radiations
Edité par Musicast - L'Autre Prod - paru en P 2025
Dès la première note, la voix luxuriante de Nadler et sa technique de picking complexe à la guitare sont au premier plan. Elle superpose des harmonies dignes des Everly Brothers à des paysages sonores oniriques et solitaires - distorsion fuzzée, orgue Hammond et synthétiseurs inquiétants - qui rehaussent sa vulnérabilité chaleureuse par la texture et l'atmosphère. Chaque morceau se déroule comme une vignette d'une vie vécue, délivrant un poids émotionnel qui " frappe plus fort " lorsque le rideau se lève. Sur le plan lyrique, elle se déplace dans le temps et l'espace, incarnant des personnages dans un Cessna en vol, un vaisseau spatial, une voiture pour s'enfuir et d'autres dimensions. Sa narration est d'une portée cinématographique et d'un impact profondément personnel. Sur la scène d'ouverture, elle est une aviatrice qui vise l'acceptation : " Je volerai autour du monde juste pour t'oublier / J'essaierai de ne pas heurter les montagnes quand je passerai / Aveuglée par les tempêtes de sable, sans voir la terre en dessous / Mon petit Cessna est à l'ouest, et je devais y aller ". Sur la chanson titre, elle entonne " les vibrations psychiques et les nouvelles radiations ont fait des ravages sur moi ", un sentiment aussi opportun qu'obsédant, alors qu'elle tente de " briser la vitre, de terminer la scène ". Dans le do-op loufoque de " Bad Dreams Summertime ", elle se prépare à l'impact alors que le monde s'écroule, dépeignant les horreurs nocturnes dans les moindres détails. Tout au long de New Radiations, le contraste entre mélodies douces, entraînantes et paroles sombres, viscérales est profond. Dans " Light Years ", elle se souvient : " À l'époque, tu faisais fureur, quand tu pouvais encore l'hypnotiser... tu voyais des années-lumière en elle, tu étais juste à côté d'elle ". Dans " You Called Her Camellia ", la narratrice se lamente : " Ce n'était pas le marché ! (Elle disparaît) ", tandis que " Smoke Screen Selene " prévient : " Ne la laisse pas te détruire comme je l'ai fait ". Sur la ballade meurtrière cosmique " Hatchet Man ", une scène d'hôtel glaçante se déroule : " L'ange l'a poussé à le faire et il m'a fait regarder - il pensait que personne ne remarquerait son départ ", tandis que la narratrice s'enfuit dans la nuit. " To Be the Moon King ", inspiré par le père de la fusée moderne, suit un homme qui écrit des codes à l'envers dans des miroirs et bricole des fusées de jardin pour atteindre " les anneaux de Saturne en feu ". Qu'il s'agisse d'un récit à la première personne ou d'une interprétation de ces personnes, l'album explore l'universalité de l'amour et de la perte avec gravité et empathie. Il culmine avec le lumineux morceau final " Sad Satellite ", où elle avoue : " Je t'ai pris pour le ciel ", nous laissant suspendus entre désir et délivrance. Produit par Nadler elle-même, l'album a été enregistré à Nashville, aux studios Haptown avec l'aide de son ami Roger Moutenot, et dans son home-studio. Mixé par Randall Dunn (Earth, Sunn O))), " New Radiations " présente des arrangements subtils et immersifs de Milky Burgess, collaborateur de longue date : guitare slide étourdissante, synthétiseurs hypnagogiques et riffs brutaux, qui fluctuent avec une intensité océanique. Contrairement aux deux derniers albums de Nadler, New Radiations présente une vision plus introspective et personnelle. Transversal aux genres tout en étant fondamentalement sien, cet album fige le bruit du monde dans un moment de beauté et de solennité. " New Radiations " n'est pas un album comme les autres : c'est un moment fort de la carrière de Marissa Nadler, un témoignage de la vision et du talent artistique singuliers de l'artiste.