« A chacun selon son mérite » n’est-il pas un adage juste ? La démocratie n’est pas l’abolition de toute hiérarchie sociale et politique mais elle établit une hiérarchie sociale qui se veut juste. La démocratie libérale en Occident est une méritocratie : accorder le pouvoir à ceux qui le méritent, donner à chacun la possibilité d’une ascension sociale en garantissant l’égalité des chances. Une telle démocratie s’oppose à une hiérarchie sociale immuable liée à la naissance comme dans une aristocratie, quand un homme exerce le pouvoir dans la société selon le rang lié à sa naissance. La démocratie libérale n’est pas la suppression des inégalités sociales mais leur justification par le mérite. Mais qu’est ce que le mérite ? Méritons-nous nos dons, ce que la nature nous a donné, indépendamment de tout effort ? Le mérite est-il l’effort du travail ? Mais la capacité de travailler n’est-elle pas aussi une aptitude donnée à certains par la nature comme la santé? Et récompensons-nous l’effort sans le don ou la compétence ? La méritocratie est l’idée que chacun peut se faire lui-même. Mais qui peut se construire indépendamment des relations sociales dans lesquelles il s’est élevé comme la famille, l’école, les lois ? L’adage : « que le meilleur gagne » paraît de bon sens mais qui est le meilleur, celui qui est vertueux moralement ou bien celui qui se conforme à l’ordre social établi, quel qu’il soit ? Le philosophe contemporain américain Sandel, professeur à Harvard, s’interroge sur le bien commun : ce qui nous y conduit est-il la coopération et l’humilité de chacun ou bien la concurrence entre les individus ?

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