Profession : producteur Dino de Laurentiis, un italien à Hollywood
Couverture du livre "Dino: The Life and Film of Dino De Laurentiis", biographie de Dino de Laurentiis (ed. Miramax)
Qui n’a pas déjà lu le nom "Dino De Laurentiis" au générique d’un film ? Redécouvrez la filmographie de cette figure de l'ombre, incontournable à Hollywood, qui au terme de 60 ans de carrière, aura eu son nom associé à plus de 600 films...
Dino De Laurentiis, c’est soixante ans de carrière, 600 films pour lesquels il est crédité en tant que producteur, producteur délégué, producteur exécutif ou pour sa société de production... La filmographie non-exhaustive qui accompagne cette présentation (voir en bas de page) est à l’image de ces différents positionnements.
Quand Dino De Laurentiis entre sur un plateau de tournage ou pour une conférence de presse, il porte un pantalon sombre, un blazer à la coupe impeccable. Il offre l’image parfaite d’un yachtman s’apprêtant à partir en croisière. C’est le plus grand producteur indépendant d’Hollywood, c’est « le patron ». Il impressionne tout le monde, on cherche à lui plaire. Mais c’est aussi et avant tout un forcené du travail, qui gère de gros emplois du temps. Il a un sens aigu de ce qu’attend le public, du flair et mène énergiquement ses affaires. En trois ans, il s’est imposé à Hollywood et produit alors son film le plus cher, King Kong. On est en 1976. Après que sa première société de production a fait faillite en Italie, le voilà depuis 1973 aux États-Unis où il a déjà marqué les esprits par son premier film produit sur le sol américain, l’un des plus grands films de Sidnet Lumet, Serpico, avec Al Pacino. Mais avant son immigration aux États-Unis, Dino De Laurentiis était loin d’avoir à rougir de son parcours, de sa production de films, en Italie.
Serpico de Sidney Lumet (1973, Dino De Laurentiis Company)
Augustino (Dino) De Laurentiis est né en 1918 à Torre Annunziata, près de Naples. Son père est propriétaire d’une fabrique de pâtes, qui sont ensuite vendues sur les marchés. Dino commence ainsi tout simplement sa vie professionnelle comme représentant de l’entreprise familiale. Mais il voulait être acteur. Il entre donc au Centre Expérimental de Cinématographie à Rome où il y fait ses études. Il a été accessoiriste et directeur de la photographie avant de se lancer dans la production. L’importance accordée à la gestion de l’argent l’environnant depuis l’enfance, il s’orienta alors sans doute vers les affaires. A 20 ans, il produit ses premiers films et travaille d’abord pour le compte de la société Real Cine. En 1941, près de Rome, il fonde sa propre compagnie de production et produit deux grands spectacles en 1942 : Malombra de Mario Soldati et Zaza de Castellani.
À l’été 1944, les fameux studios de Cinecittà sont transformés en camp de réfugiés. Après la seconde guerre mondiale, il n’y a plus de studios, plus de moyens mais il demeure un exceptionnel vivier d’artistes et de réalisateurs, qui attendent de prendre leurs places et rêvent d’une renaissance du cinéma italien. Or, le cinéma s’impose bien en Italie. Les salles de théâtre se transforment même en salles de cinéma et accueillent un public essentiellement populaire, qui attend une revanche sur le réel. Il rêve d’Amérique, de ses stars, de ses héros de westerns, de ses gangsters.
Avec la mise en œuvre du Plan Marshall, un plan d’aide à la reconstruction d’après-guerre venant des États-Unis, l’Italie connait un accroissement de sa production. On parle de miracle économique, qui profite surtout à l’Italie du Nord. Mais c’est aussi pour elle, l'obligation de projeter chaque année dans les salles de cinéma au moins 30 % de films produits à Hollywood. Dès lors, l’on assiste à l’envahissement des studios de Cinecittà par des équipes de superproductions et à une augmentation des coproductions italo-américaines. Cette implantation américaine est favorisée par les rapports financiers étroits que les « major companies » entretiennent avec les organisations syndicales patronales du cinéma italien et avec le Vatican.
Ainsi, la diffusion de comédies et de films américains répond davantage à l’attente du public, moins soucieux de fidélités documentaires que de distractions. En tête des succès arrivent les comédies burlesques dont l’acteur Toto est emblématique. Carlo Ponti et Dino De Laurentiis édifient leurs empires sur de telles figures. On le retrouve ainsi dans Gendarmes et Voleurs de Mario Monicelli et Steno mais aussi Toto a colori de Steno également, et qui est le premier film italien en couleurs, sorti en 1952.
Néanmoins, ces aides financières, ces infiltrations américaines, ont permis que l’industrie cinématographique italienne occupe en 1955 la deuxième place derrière les États-Unis avec plus de 800 millions de spectateurs. Mais la production italienne devient dépendante des conditions socio-économique et politiques américaines. Par conséquent, dans un contexte de guerre froide, censure et boycottages découragent des cinéastes de gauche, dont certains tenant du néo-réalisme. De Santis déclarera dans La Repubblica, le 11 juin 1981 : « le néo-réalisme n’est pas mort de mort naturelle ; c’est un assassinat d’État auquel ont contribué certains membres de la Démocratie Chrétienne., des campagnes de presse extrêmement violentes et bien orchestrées, des pressions en tous genres, une certaine production rose et rassurante… Et sur beaucoup de plans, la gauche aussi à sa part de responsabilité. Elle n’a pas compris l’extraordinaire force de cet instrument qu’était le cinéma et les fruits qu’il aurait encore pu donner ».
Guerre et Paix de King Vidor (1956, Paramount Pictures)
En 1948, Dino De Laurentiis s’associe avec Carlo Ponti, autre géant du cinéma. Ils donnent naissance à la compagnie Ponti-De Laurentiis, spécialisée dans les grands spectacles. Il produit ainsi Ulysse de Camerini avec Kirk Douglas, Anthony Quinn et Silvana Mangano ou encore Guerre et Paix de King Vidor avec Audrey Hepburn et Henry Fonda, qui sont de véritables triomphes auprès du public.
Dino De Laurentiis voit dans la collaboration américaine la chance d’ouvrir un marché mondial aux films italiens qui pourraient en profiter pour progresser et se perfectionner sur le plan technique. Le cinéma italien en profite donc bien. Et par ailleurs, l’on comprend mieux que des acteurs hollywoodiens jouent dans des productions italiennes, qui relaient le rêve d’évasion que véhicule les grosses productions américaines. Mais ces grosses productions lui permettront de financer des films d’auteurs et de grandes œuvres du néoréalisme. Car il n’est pas qu’homme d’affaire, il est aussi profondément cinéphile.
Riz Amer de Giuseppe De Santis (1949, Dino De Laurentiis)
Après la guerre, il participe donc également à la naissance du mouvement néoréalisme et produit deux films fondateurs qui deviendront des classiques, Riz amer de Giuseppe de Santis et le Bandit d’Alberto Lattuada. Riz Amer est un succès. Sur le tournage, il rencontre sa future épouse, Silvana Mangano, qu’il fera jouer dans nombre de ses productions.
Il se permet donc de produire des œuvres plus difficiles d’accès comme Europe 51 (1952) de Rossellini. Ainsi, grâce à leur sens inné du spectacle et des affaires, Carlo Ponti et De Laurentiis parviennent à s’imposer sur le plan mondial, tout en produisant des films difficiles et ambitieux. De Laurentiis produit ainsi Rossellini, Fellini, Comencini, Lattuada…
En 1959, il quitte son associé, Carlo Ponti, et lance sa propre compagnie tout en créant les studios de cinéma Dinocitta. Il produit alors notamment La Bible (1966) de John Huston, Roméo et Juliette (1968) de Zeffirelli.
Mais cette alternance de films d’auteurs et de films populaires, c’est aussi parfois une alternance de réussites et d’échecs commerciaux. Dans les années 70, son entreprise fait faillite. Il s’en va alors aux États-Unis. Et en tant que producteur indépendant, il y apporte un souffle nouveau.
Dead Zone de David Cronenberg (1983, Dino De Laurentiis Company)
Les États-Unis voient alors arriver un producteur impliqué, présent sur les lieux de tournage. Il consulte le découpage des films en cours de réalisation. Certains plans sont alors réaménagés. Il s’occupe de tout, comme en Europe, du budget général jusqu’au choix des costumes. Il y produit Altman, Siegel, Guillermin, Cronenberg, Pollack, Winner…
Dino De Laurentiis produit également des œuvres de réalisateurs européens comme Milos Forman, et notamment français, tels que Losey, Vadim, Clément… Pour la musique du film, Lipstick, réalisé par Lamont Johnson, en 1976, il fait appel au chanteur et compositeur français, Michel Polnareff. Un document de l’INA nous remémore cette collaboration.
Mais en voulant défendre des projets plus périlleux, tel que Blue Velvet de Lynch ou Dune, qui est un échec commercial, il met en péril sa société. Il continuera néanmoins de produire encore de nombreux films. Et dans les années 2000, il exploite le filon du tueur en série Hannibal Lecter, qui est un succès et ouvre sans doute la voie à l’engouement autour de ce genre.
David Lynch et Dino de Laurentiis au festival des films du monde à Montréal en 1986
En 2001, il reçoit « the Irving G. Thalberg Memorial Award », un prix pour un « producteur créatif, dont l'ensemble des films produits reflète un travail de grande qualité ». Il le reçoit des mains d’Antony Hopkins qui a joué dans plusieurs de ses films et devant une foule d’acteurs, d’actrices et de réalisateurs ayant travaillé avec lui. Il meurt en 2010 à Beverly Hills, laissant derrière lui des films devenus de très grands classiques.
Par Agathe G., bibliothèque André Malraux
Sélection
Film
Un justicier dans la ville
Edité par Sidonis [éd.] - 2019
Un justicier dans la ville est un film d'action américain réalisé par Michael Winner, sorti en 1974. Dans leur appartement, la femme et la fille d'un homme d'affaires sont violées, frappées et torturées par deux voyous. L'une meurt et l'autre est traumatisée par le cauchemar qu'elle vient de vivre. Le mari se transforme en justicier et, toutes les nuits, parcourt les rues de la ville afin de retrouver les coupables...Un film captivant du début à la fin : Charles Bronson est extraordinaire et donne tellement d'intensité à son personnage. Le début du film est assez violent mais c'est toute l'histoire de ce film qui nous emporte.
Par Freddy R., bibliothèque André Malraux
Film
Europa 51
Edité par Tamasa distribution [éd., distrib.] - 2014
Pour cette production Ponti-De Laurentiis, c’est tout le cinéma néoréaliste de Rossellini qui se présente à nous. Ingrid Bergman, sa seconde femme, y joue une jeune femme riche et sans souci qui vient de perdre son enfant. Cherchant à surmonter son deuil, c’est aussi la haine qu’elle a pour elle-même, sa futilité passée, qu’elle tente d’apaiser en aidant à présent son prochain. En la suivant à l’usine auprès des ouvrières, nous découvrons la réalité des conditions de vie de la majeure partie des italiens d’après-guerre : pauvreté, prostitutions, criminalité. Rossellini livre aussi une critique d’une société moralisatrice, bien-pensante, cléricale qui n’hésite pas à bâillonner les vrais engagements humains au profit d’une économie injuste.D’après Laurence Schifano, spécialiste du cinéma italien, « c’est Rossellini qui fournit la meilleure preuve d’un renversement du star-system et de la sophistication hollywoodienne en dirigeant Ingrid Bergman dans un registre de dépouillement et d’intense intériorisation. »
Par Agathe G., bibliothèque André Malraux
Film
Ragtime
Edité par ARTE France développement ; l'Atelier d'images - 2019
New York City, début du 20ème siècle en pleine croissance urbaine, le film Ragtime est réalisé en 1981 par Milos Forman. Avec virtuosité, il y met en scène cette époque cosmopolite qui retentit toujours autant avec la nôtre.La direction des séquences, orchestrées avec swing, entraine immédiatement le spectateur vers une partition complexe entre conservatisme, discrimination et naissance du cinéma… Un chef d'oeuvre à voir sans arnaque !
Par Sabrina B., bibliothèque André Malraux
Film
L'or de Naples
Edité par Tamasa distribution [éd., distrib.] - [DL 2013]
Avec L’or de Naples, de Sica porte à l’écran, pour la première fois, la ville de son enfance. Dans l’épisode, « les joueurs », il interprète un aristocrate dévoré par la passion du jeu où l’on notera l’exceptionnelle qualité de jeu du très jeune acteur qui lui est en veine. Les enfants ont évidemment la part belle, dans la ville de Naples.Ces six épisodes que composent L’or de Naples sont inspirés d’un recueil de nouvelles de Giuseppe Marotta, publié en 1947. Sophia Loren, également d’origine napolitaine, y joue l’un des rôles les plus drôles, les plus solaires tandis que Silvana Mangano est sur un registre plus dramatique en incarnant une ancienne prostituée. Toutes deux étant mariées respectivement aux deux producteurs du film, Ponti et De Laurentiis.Avec un beau noir et blanc, l’ombre et la lumière, la vie et la mort alternent dans ces six épisodes. Comme l’expliquait De Sica, « Le Napolitain ne cesse de penser à la mort. C’est ce qui lui donne sans doute cette philosophie souriante, cette sagesse qu’il faut découvrir. Il n’y a pas d’autre « or » à Naples que la sagesse napolitaine.
Par Agathe G, bibliothèque André Malraux
Film
Barbarella
Edité par Paramount home entertainment France [éd., distrib.] - DL 2013
Sorti en 1968, l’amour charnel est au cœur de ce film comme un reflet des préoccupations de l’époque. L’amour qui éveille, qui guérit. L’amour plutôt que la guerre. Sur des rythmes yéyé, Barbarella, Jane Fonda dans des tenues très sexy, est chargée de sauver l’Univers d’un savant mégalo qui veut le dominer par les armes, par le mal. Grâce à sa courageuse candeur, Barbarella charme hommes et femmes. Sa persévérance lui permettra de mener à bien sa mission. Jane Fonda joue ici pour son premier mari, Roger Vadim. Mais c’est avec son second époux, Tom Hayden, activiste politique, qu’elle s’engagera plus sérieusement et concrètement contre la guerre du Viêt-Nam. On notera aussi le rôle d’Anita Pallenberg, la compagne de Keith Richards, en Reine Noire. Un film, certes empreint d’un certain sexisme, mais largement porteur de bonnes intentions qui est parfait pour lutter contre la morosité.
Par Agathe G., Bibliothèque André Malraux
Film
Misère et noblesse = Miseria e nobiltà
Edité par Tamasa [éd.] - 2018
Réalisé en 1954 par Mario Mattoli, Misère et noblesse est adapté d'une pièce de théâtre d’Edoardo Scarpetta dont il garde la structure en actes et certains motifs récurrents tels que le quiproquo, le travestissement et l’échange d'identité. Ici, l'échange se fait entre une famille très pauvre et une autre, issue de la noblesse. Particulièrement comique, ce film laisse la part belle à son acteur principal Toto, collaborateur de longue date du réalisateur. Plus qu'un comédien, Toto est un monstre sacré. Figure comique et attachante qui, à travers une centaine de films a incarné la culture napolitaine. Fidèle à la tradition de la comédie italienne des années 50 à 70, le film présente également une dimension sociale. L'échange entre des "crève-la-faim" des bas-fonds de Naples et une famille de la grande noblesse donne lieu à quelques scènes cultes et hilarantes : comment garder sa dignité devant un plat chaud de spaghetti quand son ventre crie famine?
Par Karine J., bibliothèque André Malraux
Film
Dragon rouge
Edité par Universal pictures video France [éd., distrib.] - 2003 [D.L.]
Dragon rouge (Red Dragon) est un film américano-germanique réalisé par Brett Ratner et sorti en 2002. Il fait partie de la tétralogie Hannibal Lecter avec Le Silence des agneaux, Hannibal et Hannibal Lecter : Les Origines du mal.Alors qu'il s'est retiré du FBI, après avoir arrêté Hannibal Lecter, Will Graham est appelé en renfort par son ancien patron pour enquêter sur le massacre de deux familles tuées de la même façon afin de trouver le tueur, avant la pleine lune suivante.Un bon polar ou thriller sur le thème des tueurs en série, assez violent, mais avec une histoire vraiment captivante.
Par Freddy R., bibliothèque André Malraux
Film
King Kong
Edité par StudioCanal Vidéo [éd.] - 2004
C’est en venant chaque matin embrasser sa fille, Francesca, que Dino de Laurentiis eut l’idée de faire réaliser un remake du film de 1933. Car dans sa chambre, elle avait épinglé une affiche de King Kong, au sommet de l’empire State Building. Les droits appartiennent initialement à la RKO. Mais une bataille juridique, surnommée par la presse, « Guerre des Gorilles », s’engage alors entre la Paramount et Dino de Laurentiis versus Universal studio. Chacun voulant réaliser sa nouvelle version.Le King Kong de Guillermin-Laurentiis, c’est un budget de 26 millions de dollars dont un million pour la construction du grand singe lui-même. Le souci du détail et du réalisme est porté à son comble. Dino de Laurentiis le souhaitait aussi expressif voire humain que possible. Le tournage de cette superproduction fut émaillé de contretemps concernant la construction du singe de 6.5 tonnes mais aussi à cause de problèmes d’intempéries ou de matériels à Hawaï, l’un des lieux du tournage. Le film sort pourtant bien comme prévu pour les fêtes de fin d’année de 1976.Outre ces records de production qui ont marqué l’Histoire du cinéma, le film véhicule paradoxalement des idées propres à critiquer le système capitaliste. Les magnats du pétrole, la destruction de la nature et l’exploitation animale sont dénoncés à travers cette histoire d’amour impossible entre King Kong et l’héroïne du film, jouée par Jessica Lange et dont c’est le premier rôle au cinéma. Jeff Bridges, jouant celui du scientifique, disait que King Kong était « le symbole de la pureté, grugée, vaincue par des gens sans principe, sans morale, simplement assoiffés d’argent ».
Par Agathe G., bibliothèque André Malraux
Film
La strada
Edité par Éd. René Château [éd., distrib.] - 2007
Italie d’après-guerre, des décombres, une plage abandonnée… La Strada, produit par Dino Laurentiis et réalisé en 1954 par Frederico Fellini, met en scène la vie errante de Gelsomina (Giulietta Masina) vendue par sa mère à Zampano (Anthony Quinn), artiste de cirque et de rue qui la malmène tout au long de ses tournées. L’interprétation des acteurs et l’accompagnement musical cuivré du compositeur Nino Rota, mettent en lumière un film d’une grande merveille, de sorte que l’on s’identifie immédiatement aux personnages et à leur destin. Un classique !
Par Sabrina B., bibliothèque André Malraux
Film
Riz amer
Edité par StudioCanal [éd.] ; Universal music France [distrib.] - DL 2007
On ne parle pas quand on travaille, on chante quand on veut dire quelque chose ». En une phrase sentencieuse, nous voilà introduits dans le quotidien de labeur, le contexte social des « Mondines », ces saisonnières venues de toute l’Italie, dans les rizières de la plaine du Pô pour la récolte et le repiquage du riz. Et nous souhaiterions alors les entendre chanter « Bella Ciao ». Mais les rizières peuvent être aussi une cache pour un couple qui vient de commettre un vol. L’aspect documentaire, néoréaliste, qui nous permet d’appréhender ce milieu, se mêle à une intrigue dramatique et amoureuse qui n’en dit pas moins sur les espoirs et les déceptions de ces femmes et de ces hommes d’après-guerre. Un film magnifique de bout en bout où nous avons plaisir à voir à l’écran, Silvana Mangano, qui y lance sa carrière. Elle épouse Dino de Laurentiis, la même année. Raf Vallone et Doris Dowling, actrice américaine émigrée en Italie, sont eux aussi charismatiques.
Par Agathe G., bibliothèque André Malraux
Film
Roméo et Juliette
Edité par Paramount pictures vidéo [éd.] - 2003
Réalisée en 1968 par Franco Zeffirelli, cette adaptation est l'une des plus belles et des plus romantiques qui soit. Elle aura fait rêver des générations d'adolescents. Leonard Whiting et Olivia Hussey, les deux très beaux et très jeunes acteurs (comme les vrais protagonistes de l'histoire - ce que l'on a tendance à oublier) y offrent une performance qui marquera à tous deux leurs carrières au point de les rendre indissociables de ces rôles de jeunesse. Olivia Hussey collaborera cependant une nouvelle fois avec Zeffirelli dans son célèbre Jésus de Nazareth, où elle interprète la Vierge Marie. Costumes, casting international et direction de la photographie impeccable de Pasqualino de Satis ont fait de cette adaptation un classique du genre. A proposer aux adolescents rétifs à lire le dramaturge anglais!
Par Karine J., bibliothèque André Malraux
Film
Les 3 jours du condor : édition collector
Edité par StudioCanal vidéo [éd., distrib.] - [DL 2008]
Le grand producteur italien Dino de Laurentiis poursuit une production éclectique avec ce film d’auteur à l’esthétique résolument seventies et à l’aura politique.Le talent de metteur en scène de Sydney Pollack nous plonge dans une Amérique post-Watergate qui s’interroge et qui incite le spectateur à réfléchir par l'intermédiare d'un duo glamour et irréprochable. Robert Redford et Faye Dunaway - à l’apogée de leur beauté, ne boudons pas notre plaisir - nous entraînent dans une enquête palpitante. Du grand cinéma, offert par deux monstres sacrés du 7eme art (un réalisateur prolifique et un producteur inspiré). Un DVD à regarder en famille, en amoureux ou seul, pour un revival rétro si agréable. C’est léché, intelligent, et accessible à tous.
Par Sabrina H., bibliothèque André Malraux
Film
Ulysse
Edité par StudioCanal [éd.] ; Universal StudioCanal vidéo [distrib.] - DL 2010
En 1954, Dino De Laurentiis produit « Ulysse » d’après « L’ Odyssée » d’Homère. Ce péplum italien met en scène Kirk Douglas, parfait dans le rôle-titre du héros grec bondissant et rusé de retour après le siège de Troie, mais tiraillé entre son goût exacerbé de l’aventure et la nostalgie d’Ithaque où l’attend Pénélope, assaillie par les prétendants au trône et interprétée par la talentueuse Silvana Mangano, madame De Laurentiis à la ville.Ulysse, maudit par Poséidon qu’il a imprudemment défié, échoue sur une plage, seul et amnésique, avant de recouvrer peu à peu la mémoire dans des flashbacks soigneusement choisis comme la rencontre avec le cyclope Polyphène ou avec la magicienne Circé, également interprétée par la belle Silvana.Le réalisateur Mario Camerini met le kitsch des effets spéciaux de l’époque au service d’une mythologie illustrée pour petits et grands. Et la distribution est excellente, du fougueux Kirk Douglas toujours charismatique à l’imposant Anthony Quinn dans le rôle d’Antinoos, vrai « méchant » très convaincant.A voir ou à revoir en famille, un dimanche pluvieux !
Par Myriam R., bibliothèque André Malraux
Film
L'assassinat de Trotsky
Edité par Studio Canal vidéo [éd.] - 2005
1940, Léon Trotski, incarné par Richard Burton, s’est réfugié au Mexique. Il y est entouré de son clan. Nous suivons Jackson (Alain Delon) dans ses stratégies pour approcher Trotski, par l’intermédiaire de Gina (Romy Schneider), l’une des proches de la famille Trotski. Un film à voir absolument pour la réunion de ces trois acteurs et leurs interprétations. Voilà une star d’Hollywood incarnant un communiste dont le charisme et l’application lui font tenir ce rôle de manière intelligente et fascinante à l’image du personnage historique qu’il incarne. Delon, à contre-emploi, casse son image stoïque d’homme de courage tandis que Romy nous donne à voir l’expression d’une passion amoureuse entrant en collision avec celle de son engagement politique, notamment dans la scène finale.
Par Agathe G., bibliothèque André Malraux
Film
L'année du dragon = Year of the dragon
Edité par Twentieth Century Fox [éd.] - 2003
Dans ce film noir qui nous plonge dans l’envers du décor de Chinatown, un policier traumatisé par le Vietnam part en croisade contre la mafia chinoise et la corruption qu’elle engendre. Arrogant, allergique à l’autorité et obstiné jusqu’à la folie, il sème le chaos dans le quartier et dans sa vie personnelle pour gagner cette guerre.
Par Maxime M., bibliothèque André Malraux
Film
Serpico
Edité par StudioCanal - 2021
Fin des années 60 à New York. Une voiture de police fonce dans la ville et Frank Serpico, grièvement blessé, se souvient…Sidney Lumet, cinéaste engagé, s’est inspiré de faits réels et du roman éponyme de Peter Maas afin de retracer le parcours de ce jeune policier idéaliste infiltré dans le milieu interlope de la « grosse pomme », et bientôt confronté à la corruption de la police à tous les niveaux, jusqu’aux plus hautes sphères politiques où chacun agit selon ses intérêts. Intègre et obstiné, Serpico devient alors la cible de ses collègues qu’il dérange dans leurs petits « arrangements ». Menacé, abandonné de ses supérieurs mais toujours résolu, il luttera dans une croisade solitaire jusqu’à mettre sa vie en danger, et ses révélations permettront une réforme généralisée des services de police suite à la création, en 1970, de la Commission Knapp sur les allégations de corruption policière.Al Pacino, éblouissant, reçut le Golden Globe du meilleur acteur en 1974 pour cette interprétation magistrale d’un flic amer, attachant et hors normes, accomplissant son destin au cœur d’un New York crasseux et néanmoins sublime, sur une très belle musique de Mikis Théodorakis.
Par Myriam R., bibliothèque André Malraux
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Sources
-Schifano, Laurence, Le cinéma Italien de 1945 à nos jours, crise et création, 2007, Armand Colin
-Bahrenburg, Bruce, La création de King Kong, 1976, Editions Marc Minoustchine
-Disparitions in Cahiers du cinéma, n°662, décembre 2010, p 63.
- Toullec, Marc, le dernier nabab in Festival du cinéma américain, Deauville, 26, du 1er au 10 septembre 2000.
- https://www.avoir-alire.com/deces-de-dino-de-laurentiis-un-des-geants-du-cinema-mondial