Vidéo numérique

Les Maîtres fous

Jean Rouch (Réalisateur)

Date : 1955 - Durée : 00h29


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Ce film fondamental de l'histoire du documentaire apporte un regard « sans concession ni dissimulation » sur les pratiques rituelles des Haukas au Ghana. Produit par le comité du film ethnographique, le Musée de l'homme et le CNRS, «Les Maîtres fous» inaugure une nouvelle approche du cinéma. Le film obtient le prix du film ethnographique à la Biennale de Venise en 1957 et ne cessera d'influencer les faiseurs d'images.Le titre est une traduction littérale du nom de la secte, hauka (ou haouka) signifiant « maître de la folie ». Celle-ci, composée de Nigériens venus de la brousse, effectue sa procession annuelle dans le secteur d'Accra, grande ville où la jeunesse vient offrir la force de ses bras. Jean Rouch présente d'abord une galerie de portraits d'hommes en action : les gold mine boys descendent à la mine, les dockers travaillent sur le port, les waterworkers creusent des canalisations d'eau... Puis, sa caméra plonge dans le domaine de l'inconnu. Elle donne à voir et à vivre une expérience de danse de possession, d'habitude fermée aux regards du non-initié. Le travail d'enquête ouvre un dialogue entre les communautés. Ces danses fascinent, paraissent d'abord ubuesques, puis cruelles ; intervient alors le commentaire grâce auquel les rôles de chacun basculent jusqu'à s'intervertir. Car la force du film est de constituer un aller-retour entre l'Afrique et l'Europe. La religion hauka invente un détournement de la culture coloniale française et britannique. Tous les symboles du pouvoir sont confisqués : fusils en bois, drapeau de l'Union Jack doté de couleurs flamboyantes, palais du gouverneur en toile, casque couvert de coquilles d'œuf et non de plumes. Les Haukas ont pour singularité de ne pas être des Dieux venus de la nature. Issus de la ville et de la technique, autrement dit de l'Occident, ils provoquent souffrances et névroses et il faut les apaiser. À cet effet, la parodie rituelle des coutumes militaires tour à tour dénonce et ridiculise. Le rite de purification nous paraît bien étrange, voire barbare et fantastique. Et pourtant, si la méthode des Haukas était un «remède que nous ne connaissons pas encore» ? Une façon de singer le système pour y trouver sa place ? En passant par un paroxysme de la crise, les Haukas offrent à la fin du film le visage souriant de la santé mentale. C'est donc ici l'Afrique qui est source d’enseignement pour les Européens, car dans cette histoire, il est bien difficile de distinguer le fou du maître.

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