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Juifs et musulmans en Palestine et en Israël : des origines à nos jours
Edité par Tallandier ; Projet Aladin - paru en DL 2016
L'auteur retrace l'histoire des relations entre Juifs et Arabes musulmans en Palestine, à travers l'histoire de ce territoire, de sa conquête par ces derniers au VIIe siècle jusqu'à novembre 1947. Il affirme la possibilité d'une cohabitation pacifique entre ces deux peuples qui passerait par le compromis. ©Electre 2016
Collection : "Histoire partagée" (Paris)
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Juifs et musulmans en Palestine et en Israël: des origines à nos jours
“Juifs et musulmans en Palestine et en Israël: des origines à nos jours” d’Amnon Cohen, fait partie du "projet Aladin”. Ce dernier, pour rapprocher Juifs et Musulmans par le biais de la culture, va proposer au fil des mois douze ouvrages à travers la collection "Histoire partagée" des éditions Tallandier. Chaque ouvrage racontera, dans un pays différent, l’histoire de la cohabitation juive et musulmane. Ce "premier tome" retrace donc l’histoire des relations entre Juifs et Musulmans en Palestine et en Israël. Historien et professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem, spécialiste du régime ottoman en Palestine au XVIIIe siècle, marathonien des archives du tribunal islamique de la Ville sainte conservées depuis le XVIe siècle, Amnon Cohen y décrit le rapport entre juifs et musulmans sur cette terre de Judée, nommée “Palestina” au IIe siècle par les Romains, sous domination arabe depuis le VIIe siècle, rejetant les croisés au XIIe siècle, sous domination ottomane de 1516 à 1917, dite de nouveau “Palestine” sous mandat britannique au XXe siècle. Une région ravagée par l’interminable conflit israélo-palestinien. Même si les Juifs furent expulsés de Judée durant l’occupation romaine, un noyau y subsista. Pendant la longue domination musulmane, avant et pendant la présence ottomane, malgré des discriminations existantes liées au statut de dhimmi, les Juifs purent avoir un niveau de vie relativement agréable et même accéder à certaines fonctions privilégiées. La cohabitation se passa plutôt bien, même si parfois une protection spécifique fut nécessaire. Car “” l’islamisation ne se fit pas de manière abrupte” et les dhimmi juifs, juridiquement et fiscalement singularisés en communauté bientôt en déclin, ont pu pratiquer leur religion et, quelle que soit leur profession, contribuer à la modernisation, très aléatoire, de l’Empire. Et même s’ils devaient se vêtir de jaune, ne pas monter à cheval ni épouser une musulmane, il n’y eut sur la terre de l’alya (le retour à Jérusalem) ni pogroms ni expulsions massives. Conciliation sous surveillance, discrimination sans haine affichée : ce furent des siècles de tolérance, de vie relativement paisible et, surtout, d’endiguement des violences et des rumeurs antisémites dont l’Europe restait hélas si friande. Tout changea au début du XXe siècle, quand le déclin de l’Empire ottoman fut patent, qu’une élite musulmane se nationalisa à l’exemple des Jeunes-Turcs et que fut activé un peuplement juif inouï, européen et sioniste, de la Terre promise : en 1914, sur les 90 000 juifs de Palestine, la moitié était nouvellement arrivée. La Grande Guerre fit basculer le pays dans la mêlée internationale, la déclaration Balfour de 1917 favorisa la promesse d’un “foyer national pour le peuple juif” et, de 1918 à 1948, le mandat confié aux Britanniques ne fit qu’attiser tous les feux. Amnon Cohen démontre que leur domination fut doublement impuissante : à honorer le souhait de Balfour, comme à négocier à temps avec des Palestiniens travaillés par le panarabisme. Le pays devint un lieu de pogroms et de mouvements sociaux où les tensions s’intensifièrent. Si Israël finalement vit le jour, la liesse fut de courte durée. A peine l’Indépendance déclarée, le pays dut affronter sa première guerre, seul contre cinq autres nations car il y eut un rejet complet du nouvel état par les musulmans mais aussi par les états arabes environnants. Désespérément à la recherche de profondeur stratégique, l’état hébreu s’assura de l’annexion de Jérusalem et du Golan et de la sécurité de la Cisjordanie après le conflit de 1967. L’autonomie palestinienne, l’évacuation de la bande de Gaza et la dualité OLP/Hamas ont complètement bloqué la situation face à une droitisation de la géopolitique israélienne. Et nous en sommes désespérément là aujourd’hui. Si ce livre sert à comprendre qu’on aurait pu prendre d’autres chemins à différents moments de l’Histoire, j’ai trouvé trop long le chapitre consacré à l’époque ottomane et il me laisse aussi un sentiment de déception en raison d’importantes omissions: 1/ / Pas un seul mot sur Golda Meir qui fut parmi les 24 personnalités (et parmi les deux femmes) qui signèrent la déclaration d'indépendance de l'État d'Israël, dirigea divers ministères de 1949 à 1972, fut premier ministre de 1969 à 1974 . Est-ce parce qu’elle est une femme et que les femmes font encore l’objet d’une véritable ségrégation chez les juifs ultra-orthodoxes dont fait partie l’auteur Amnon Cohen inscrit au parti du Shas et membre de la Knesset (le parlement israélien) ? 2/ Yitzhak Shamir qui, en 1983 succéda à Menahem Begin au poste de Premier ministre, n’est jamais évoqué non plus. Il était l’un des leaders historiques de la droite nationaliste israélienne fidèle jusqu’au bout au dogme du "Grand Israël". Durant toute sa vie politique, Yitzhak Shamir s’est opposé à des concessions territoriales israéliennes au profit des Palestiniens aussi bien en Cisjordanie, que dans la bande de Gaza où à Jérusalem-Est. Pour lui, toutes ces régions conquises lors de la guerre de juin 1967 faisaient partie intégrante d'”Eretz Israël” (la Terre d’Israël) sur laquelle aucune concession n’était possible. Toutefois et malgré sa réputation de faucon du Likoud, Yitzhak Shamir dirigea en 1977 la délégation israélienne qui rencontra le président égyptien Anouar el-Sadate pour des discussions de paix. Il mena les négociations israélo-égyptiennes de 1981 et de 1982 afin de normaliser les relations entre les deux pays, ainsi que les négociations avec le Liban qui aboutirent à l'accord de 1983, qui ne fut finalement pas ratifié par le gouvernement libanais. Yitzhak Shamir quitta la charge de Premier ministre en 1992, puis la direction du Likoud en mars 1993, non sans avoir fermement critiqué la politique envers les Palestiniens de son successeur, Benyamin Netanyahou, qu'il jugeait trop molle!!! 3/ Et surtout, le nom de Yitzhak Rabin, du parti travailliste, n’est cité qu’une seule fois à la fin du livre, sans aucune évocation de son action admirable pour tenter d’établir la paix. Rabin fut réélu Premier ministre en juillet 1992. Son mandat prit une dimension historique lorsqu'il signa les accords d'Oslo en 1993, créant ainsi l'Autorité palestinienne et cédant pour la première fois un contrôle partiel de certaines zones de la bande de Gaza et de la Cisjordanie aux Palestiniens. Sous son mandat, Yasser Arafat renonça officiellement au recours à la violence et reconnut Israël dans une lettre officielle. Rabin reconnut en retour l'OLP le 9 septembre 1993. Rabin signa également le Traité de paix israélo-jordanien en 1994. Le prix Nobel de la paix a été décerné en 1994 aux dirigeants politiques qui ont permis les accords d'Oslo : Yitzhak Rabin, Shimon Peres et Yasser Arafat. Ces accords lui attirèrent la sympathie d'une partie de la population et la haine des militants d'extrême-droite. Certains le virent alors comme un héros de la paix tandis que d'autres le considérèrent comme un traître ayant renoncé à une part du territoire promis dans la Bible au peuple juif. Le 4 novembre 1995, Yitzhak Rabin, âgé de 73 ans, fut assassiné par deux balles tirées à bout portant dans son dos par un Israélien juif étudiant en droit et opposé aux accords d'Oslo. Ce crime intervint après qu'il eut prononcé un discours lors d'une manifestation pour la paix sur la place des rois d'Israël,à Tel Aviv, aujourd'hui rebaptisée place Yitzhak Rabin. Le processus de paix israélo-palestinien a été grandement freiné à la suite de l'assassinat de Rabin. Ce meurtre eut également pour conséquence un élargissement de la fracture dans la société israélienne entre les religieux et les laïques. Dix ans après son assassinat, deux cent mille Israéliens se sont rassemblés le 5 novembre 2005 à Tel Aviv sur la place Yitzhak Rabin, désormais symbole de paix. De nombreuses personnalités étaient présentes comme le président israélien Moshe Katsav, la Secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice, l'ancien président américain Bill Clinton et son épouse Hillary Clinton, alors sénatrice de l'État de New York.
ACZ - Le 24 décembre 2016 à 17:56