Courts et longs métrages, documentaires, conférences... Cinéma en ligne : une fenêtre sur le 7ème art
Image extraite du film "Fenêtre sur cour" d'Alfred Hitchcock (1955)
Découvrez nos sélections de courts et longs métrages, conférences, master class et vidéos diverses pour faire patienter tous les cinéphiles jusqu'à la réouverture des cinémas !
Pendant toute la période de confinement, les bibliothécaires vous proposent des ressources à découvrir en ligne autour du 7e Art. Cette semaine, découvrez notre sélection de :
- Conférences, débats, masterclass...
Bon visionnage et si vous en voulez plus, découvrez notre épisode 2 et épisode 3 !
Longs-métrages
M le Maudit
Fritz lang (1931)
Inspiré de plusieurs faits divers survenus en Allemagne dans les années 20 , M le Maudit est considéré comme le premier film policier parlant.
Au-delà de la résolution de l'enquête, c'est la qualité de restitution du climat malsain des années 30 et de la montée du nazisme qui frappe en premier lieu ainsi que le caractère d'actualité que conserve ce film.
Les questions centrales de ce film : peut-on se faire justice soi-même ? (le sujet du lynchage sera repris quelques années plus tard par Lang dans Furie), peut-on juger les malades ? demeurent elles aussi étrangement d'actualité.
M le Maudit fut interdit de projection en Allemagne dès 1933 et Fritz Lang partit alors réaliser aux Etats-Unis d'autres chefs-d'oeuvre (La Rue Rouge, House by the River) avant de venir saluer son public dans Le Mépris de Jean-Luc Godard en 1963.
Charulata
de Satyajit Ray (1964)
À Calcutta, en 1880, alors que son mari la délaisse à cause de son implication dans un journal politique, Charulata se réfugie dans les arts. Se rendant compte de la solitude de la jeune femme, son mari invite son cousin Amal à l’aider dans ses aspirations littéraires. Charulata va devoir faire face à l’irruption de nouveaux sentiments face au dit cousin.
La capacité de suggérer des mondes intérieurs à partir d'un huis clos où aucune action n'est jamais consommée est ce qui frappe le plus dans ce film.
Plan 9 from outer space
de Ed Wood (1959)
Vous n'avez jamais regardé ce film car tout le monde vous a dit que c'était mauvais. Au lieu de cela vous avez préféré regarder le film Ed Wood de Tim Burton. On ne peut pas vous en vouloir car, ne nous mentons pas, ce film est vraiment très mauvais et c'est ce qui en fait tout son charme finalement. De quoi ça parle ? En résumé, on pourrait dire que des méchants extra-terrestres veulent anéantir l'humanité et vont chercher de l'aide auprès des zombies pour mettre leur plan (9) à exécution.
Sinon, on peut vous dire qu'Ed Wood finança ce film grâce à une Eglise baptiste ce qui obligea l'ensemble de l'équipe à se faire baptiser et que Bela Lugosi ayant eu la mauvaise idée de mourir pendant le tournage, c'est son chiropracteur qui servit de doublure en masquant son visage avec une cape. Fous rires garantis. Alors, en ces temps de sinistrose et de confinement, nous ne pouvons que vous recommander - seul ou en famille- de regarder ce film.
Antonio-das-mortes ("Le dragon du mal contre le guerrier sacré")
De Glauber Rocha (1969)
Spectacle total, représentation, dramatisation volontairement et justement explosives de la réalité et des mythes du Brésil, Antonio-das-Mortes est la suite naturelle du Dieu noir et Diable blond et de Terre en transe ses précédents films.
La réflexion de Rocha se fait, cette fois, à partir d’une fable liée à une tradition, à une culture populaires et qui, bien évidemment, éclaire la situation de l’Amérique latine. sans doute le chef-d’œuvre de Glauber Rocha (1939-1981), chef de fille du « Cinema Novo » brésilien et immense cinéaste, qui a inventé un cinéma authentiquement révolutionnaire, et qui puisait sa force et sa matière dans l’histoire et la culture populaire du Brésil.
Judex
De Franju (1963)
Fasciné par l'expressionnisme allemand et le cinéma de Louis Feuillade, Georges Franju est- avec Henri Langlois- à l'origine de la création de la Cinémathèque française. En 1945, il fonda par ailleurs les Archives de la photographie et du cinéma scientifique avec Jean Painlevé. L'intérêt pour le film scientifique ne quitta jamais Franju (court métrage surMonsieur et madame Curie en 1953) et c'est donc tout naturellement qu'il intégra de plus en plus d'éléments scientifiques dans ses oeuvres (Les Yeux sans visage).
En 1962, lorsque le petit-fils de Louis Feuillade entreprit de réaliser un remake parlant du Judex de 1913 de Louis Feuillade, son choix se porta assez logiquement sur Franju. Si cette nouvelle adaptation se lit comme un hommage formellement expressionniste et surréaliste au film de Feuillade, on ne peut s'empêcher de penser que le Judex masqué d'une tête d'aigle de Franju a plus tard probablement inspiré d'autres créatures mi-homme mi-animal à l'écran ( voir Birdman de Alejandro González Iñárritu).
Courts métrages
Ant head
De David Lynch (2018)
Mais c'est quoi ce truc ?
Ses fans reconnaîtront sans doute dans "Ant Head" cette étrange créature -à mi-chemin entre un bout de mastic et une sculpture de Thomas Schütte - que l'on rencontre parfois accrochée sur l'un de ses tableaux. Certains y verront un bout de fromage mangé par des fourmis, d'autres de la pâte à modeler. C'est l'avantage avec les films de David Lynch : chacun y voit ce qu'il veut.
Sinon, "Ant Head" c'est un court métrage de 13 minutes présenté lors du Festival of Disruption organisé en 2018 à Los Angeles par... David Lynch dans lequel vous retrouverez les éléments habituels du decorum Lynchien (câcles électriques, décor proche de celui d'Eraserhead), musique d'Angelo Badalamenti et de.... David Lynch.
En somme, "Ant Head" est une boucle lynchienne, un condensé de son oeuvre lorgnant de de plus en plus vers l'expérimental. Et vous, vous en pensez quoi de cette créature? C'est du mastic, du fromage ou de la matière extraterrestre?
Coffee and cigarettes
de Jim Jarmusch (2004)
Coffee and cigarettes est une série de courts métrages déguisés en long. Chaque séquence fait intervenir plusieurs personnages (interpretés par Roberto Begnini, Iggy Pop, Steven Wright...) qui, autour de quelques tasses de café, le temps de deux ou trois cigarettes, discutent de sujets aussi variés que la caféine, les glaces à l'eau, Abbott & Costello, les théories du complot contre Elvis, l'art de préparer le thé anglais, les inventions de Nikola Tesla, le groupe rock imaginaire Sqürl, le Paris des années vingt ou l'utilisation de la nicotine comme insecticide.
Les filles du douze
de Pascal Breton (2000)
Au central téléphonique de Lanester, commune limitrophe de Lorient, les filles du 12 sont partagées entre deux clans : celles qui vivent maritalement et les autres, les “toutes seules”. Dans la bande des “toutes seules”, Plume est la plus extrémiste ...
Conférences, débats, masterclass...
Brian Palma, masterclass à la Cinémathèque française du 2 juin 2018
Comment dynamiter une Master Class en moins de 8 minutes ? Et bien... en invitant tout simplement Brian De Palma à la Cinémathèque. Passé le choc de voir Brian De Palma en larmes à l'évocation du tournage et du terrible fait divers à l'origine de son film "Outrages", vous ne pourrez pas vous empêcher d'éclater de rire en regardant Brian De Palma tenter de comprendre les questions- visiblement trop alambiquées à son goût - du malheureux modérateur.
C'est donc désormais un fait établi : Brian De Palma n'aime pas les interprétations psychanalytiques de ses oeuvres et le fait savoir.
Sinon, entre deux éclats de rire, vous apprendrez que sans l'intervention de l'acteur Michael J. Fox le film"Outrages" n'aurait jamais vu le jour (les studios américains ne voyant pas l'intérêt de déprimer le public avec un sujet pareil), vous en saurez un peu plus sur le "split focus effect", sur l'influence du cinéma d'Alfred Hitchcock sur celui de De Palma (mais vous le saviez déjà, non?), que la scène finale de "L'Impasse" devait se dérouler initialement dans les escalators du World Trade Center, que Sean Penn semble être un acteur et un partenaire de tournage particulièrement odieux et que "tous les films adviennent grâce à des accidents heureux de production".
Mais où passent tous les projets et scénarios de Brian De Palma refusés ? C'est bien simple, selon lui ils sont tous réunis dans son roman : "Les serpents sont-ils nécessaires" paru en 2018. Bonne nouvelle : ce titre est empruntable dès maintenant sur le site de la bibliothèque numérique de la Ville de Paris et en bibliothèques dès leurs réouvertures.
La masterclasse de Jacques Audiard
Depuis Regarde les hommes tomber en 1994, jusqu'à Dheepan en 2015, le réalisateur Jacques Audiard, Palme d’Or à Cannes, revient sur le processus de fabrication de ses films dans le cadre de cette Masterclasse.
La carrière de Jacques Audiard commence à la fin des années soixante-dix, avec l’écriture de plus de quatre-vingt scénarios et la réalisation de sept long-métrages. Depuis Regarde les hommes tomber en 1994, à l’autre bout, Dheepan, en 2015, et au milieu, Un héros très discret, Sur mes lèvres, De battre mon coeur s’est arrêté, Un Prophète, et De rouille et d’os, le cinéaste possède le records de césars décernés et une palme d’or. Une grande partie de ses intrigues sont des histoires d’initiation, la question de la transmission générationnelle y est centrale et souvent problématique : est-ce que cela dit quelque chose de son propre rapport au cinéma ? Lors de cette masterclasse enregistrée en public, Jacques Audiard exprime ses souvenirs liés à la fabrication de ses films.
L'histoire de l'Amérique considérée comme un film d'horreur : cours de cinéma par Frédéric Bas (18 octobre 2019) au Forum des Images
De quoi les adaptations de Stephen King à l'écran sont-elles le symptôme ? Quels sont les points communs entre "La nuit du Chasseur" de Charles Laughton , "Derrière le miroir" de Nicholas Ray et l'oeuvre de Stephen King ? Qu'est-ce qui relie l'adaptation de " la Chute de la maison Usher" de Roger Corman et "La maison du diable" de Robert Wise au livre puis au film "Shining"?
Pourquoi ces thèmes récurrents dans l'oeuvre de King : maisons hantées, piégées, contaminantes, figures du père malade et destructeur , le retour vers le passé mythologique des années 50-60 ?
En disséquant l'oeuvre de King, Frédéric Bas nous propose une relecture de l'histoire de l'Amérique et émet l'hypothèse que le genre horrifique (qu'il soit littéraire ou cinématographique) n'est rien d'autre que l'incarnation de l'horreur du passé historique de l'Amérique. La démonstration est assez brillante et vous ne regardez sans doute plus de la même façon les montres des années 30 de la Universal ni les Plymouth Fury de 1958.
La leçon de cinéma d'Agnès Varda
Rencontre avec Agnès Varda dans le cadre de sa Leçon de Cinéma à la Cinémathèque Française. Le film de la réalisatrice de la Nouvelle Vague, « Les Glaneurs et la glaneuse » (1999) a été projeté avant son intervention, durant laquelle elle fait part de ses promesses de dépassement des genres et comportement normés dans ses productions. Cette leçon était organisée à l'occasion du cycle "Quinze Jours avec Agnès Varda" organisés par la Cinémathèque Française.
Documentaires
"A l'ombre d'Hollywood", le ciné noir indépendant (1910-1950)
De Régis Dubois
Les race movies ont vu le jour aux USA en 1915 en réaction à la sortie en salle de "Naissance d'une Nation" de D.W Griffith. Fatiguée de se voir caricaturée à l'écran, la communauté afro-américaine décida alors de contrer les stéréotypes en s'emparant des caméras et des rôles qui ne lui étaient jamais proposés. Concrètement, ces films étaient principalement écrits, réalisés et joués par des noirs à destination d'un public noir.
De 1910 à 1950 environ 500 race movies furent produits avec peu de moyens et contribuèrent à valoriser l'image de la communauté afro-américaine. Tous les genres cinématographiques furent exploités (westerns, comédies musicales, films d'horreur, polars) et la diversité des rôles permit de proposer des modèles de héros noirs positifs alors invisibles à l'écran.
En 1950, le film "The Jackie Robinson Story" acta la fin de la ségrégation raciale à l'écran et, de fait, la fin de la production de race movies. Il fallut alors attendre 20 ans avant qu'un autre réalisateur afro-américain (Gordon Parks) puisse réaliser un film aux Etats-Unis.
D'Oscar Micheaux - considéré comme le père du cinéma afro-américain - à l'oscar de Steve McQueen en 2014 l'accès aux studios et écrans fut et demeure particulièrement compliqué. Le documentaire de Régis Dubois constitue à ce titre un précieux témoignage de cette époque et on ne peut que regretter que seule une centaine de ces films aient été conservés.
Nuit et Bouillard
D'Alain Resnais (1955)
Alain Resnais, à la demande du Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale et de son secrétaire général Henri Michel, se rend en 1955 au camp d’Auschwitz-Birkenau où des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants ont perdu la vie. Le titre "Nuit et brouillard" (Nacht und Nebel en allemand) fait référence aux prisonniers, majoritairement français, détenus dans les camps en vertu du décret du 7 décembre 1941 ordonnant la déportation vers l’Allemagne de tous les ennemis et opposants du Troisième Reich arrêtés dans les territoires occupés.
Alain Resnais veut que son film résonne comme un appel à conjurer l’oubli. À cet égard, il n’épargne pas le spectateur, longtemps hanté par le pouvoir mortifère des images d’archives en noir et blanc et la trompeuse quiétude des plans en couleur du camp d'Auschwitz, où, comme le rappelle André Heinrich, l’assistant de Resnais sur le tournage, «on marchait par terre, il y avait des ossements, c’était très impressionnant, le poids de tous ces gens qui sont morts». Premier grand film sur la déportation, "Nuit et brouillard" sera suivi à partir des années 1980 par des films tel "Shoah" de Claude Lanzmann qui mettront l’accent sur le génocide des Juifs.
Ce film fait partie du fonds documentaire les Yeux Doc accessibles aux lecteurs des bibliothèques. Pour vous inscrire en ligne, rendez-vous ici.
Close-Up
D'Abbas Kiarostami (1990)
Close-up est le film qui a fait découvrir Abbas Kiarostami en France. Cela a été un choc. Les qualités de Close-up sont spectaculaires. Elles résident dans la manière avec laquelle Kiarostami parvient à conjuguer les particularités les plus extrêmes et les plus opposées du cinéma.
A l’origine du film, il y a un fait divers. Un employé d’imprimerie, Hossein Sabzian, s’est fait passer pour le célèbre cinéaste Mohsen Makhmalbaf auprès des membres d’une famille aisée de Téhéran. Le pot aux roses découvert. Il est arrêté et jugé. Kiarostami est allé retrouver tous les protagonistes de ce récit et leur a fait rejouer leur aventure. Il filme le procès d’hossain Sabzian. Après sa libération, il organise la rencontre une avec le vrai Makhmalbaf.
Entre reconstitution et documentaire, Close-up mêle le vrai et le faux, l’artifice et l’authentique, jusqu'à brouiller ces notions, racontant finalement l’histoire d’une imposture au cœur de laquelle le mensonge est un élément de la réalité filmée ou reconstruite.
This is comedy
De Jacky Goldberg (2014)
Judd Apatow et sa bande (Jonah Hill, Steve Carrell, Paul Rudd, Seth Rogen, Lena Dunham...) ont profondément changé le paysage de la comédie américaine contemporaine. Ponctué d’interviews et d’extraits de films, ce documentaire d'un journaliste français revient sur le parcours d'un producteur-réalisateur d'exception, qui a su porter le rire à sa plus émouvante expression.
Émissions de TV
Cinéma cinémas
Pour beaucoup de cinéphiles, « Cinéma Cinémas » est l’émission culte par excellence, et, en tout cas une des meilleures émissions consacrées au 7e art, avec « Cinéastes de notre temps ». Diffusée de 1982 à 1991, on garde encore en mémoire son fabuleux générique d’ouverture dessiné par Guy Peellaert, sur la musique de « Une place au soleil » de George Stevens !
Conçue et menée en toute liberté par Anne Andreu, Michel Boujut, et Claude Ventura, cette émission proposait, sur un format d’une heure une suite de séquences de longueur et d’humeur différente, loin de toute idée promotionnelle de l’actualité du moment. C’était vraiment l’amour du cinéma qui guidait les sujets de nos 3 concepteurs : interviews, lettres de cinéastes, tournages en cours, enquêtes sur des personnes disparues, etc… Le tout filmé et mis en scène de façon la plus « cinéma » possible ! On sent constamment la passion qui animait toutes celles et ceux qui ont participé à cette aventure. C’est ce qui fait le prix et le charme de cette émission qui mérite constamment d’être (re)découverte !
- Orson Welles : Welles déjeune avec la critique au Fouquets en 1982 et parle de sa conception du cinéma :
- Aki Kaurimaski (1990) : parle de sa venue dans le cinéma en tant qu'outsider avec son humour à froid bien connu :
- Samuel Fuller à la table de montage en 1982 expliquant la première séquence de "Pickup on South Street" (1953) :
- Wim Wenders : Lettre de Wim Wenders "Quand je m'éveille" (1982) : à New York, réflexion du cinéaste sur les différences des conditions de tournage entre ses films européens et sa première expérience américaine ("Hammett" produit par Coppola)
Et pour finir sur une note drôle et sexy :
- Russ Meyer : Les "appétits de Russ Meyer" (1982) : le cinéaste parle de ses obsessions mammaires et de la conception de son prochain film (finalement non tourné) autour d'un déjeuner copieux.