Sélection Berlioz : 5 oeuvres à redécouvrir
Hector Berlioz (1803-1869) par Pierre Petit (Gallica)
A l'occasion des 150 ans de la mort d'Hector Berlioz, redécouvrez 5 oeuvres majeures du compositeur, à écouter et à emprunter en bibliothèque.
Les Nuits d'été
Les Nuits d’été, ensemble de six mélodies sur des poèmes de Théophile Gautier (la Comédie de la mort) ont été composées par Berlioz entre 1834 et 1840. A l’origine accompagnées au piano et destinées à différentes voix (mezzo-soprano, ténor, baryton), elles furent orchestrées par la suite. Ce cycle de romances, de par l’originalité du traitement vocal et sa subtile orchestration, ouvre le chemin aux grands mélodistes du XIXème et du début du XXème siècles (Fauré, Gounod, Chausson, Duparc, Debussy, Ravel).
Pour approfondir, écoutez l’émission « la tribune des critiques de disques » du 10 mars dernier sur France musique, consacrée à six enregistrements des Nuits d’été sur les quarante dernières années.
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Requiem ou Grande Messe des Morts op.5
Berlioz a toujours rêvé de mettre en musique le texte latin de la messe pour les défunts. L’occasion lui en est donnée en 1837 lorsque le ministre de l’Intérieur décide de financer la composition d’une œuvre religieuse d’envergure. On demande donc au compositeur d’écrire un requiem à la mémoire des soldats de la révolution de juillet 1830. Finalement, l’œuvre sera créée le 5 décembre 1837 aux Invalides, sous la direction de François-Antoine Habeneck. La commémoration initialement prévue étant annulée, le requiem sera joué pour honorer la mémoire des soldats tombés lors de la prise de Constantine.
Cette œuvre monumentale en effectifs instrumentaux et vocaux n’utilise la totalité de cette masse que pour quelques passages très précis (le Dies irae, avec quatre sections de cuivres disposées aux quatre points cardinaux de l’espace). En dépit de ces moyens gigantesques, on ressent à l’écoute un sentiment d’intimité et de douceur. Le compositeur donne à cette méditation sur la mort un caractère profondément original (l’alliage des trombones et des flûtes dans l’Hostias ou, dans le Sanctus, les voix du ténor solo et des chœurs féminins, très sollicités dans l’aigu, suspendues et comme immatérielles).
N’hésitez pas à consulter les excellentes notes de programme du concert du 6 février 2015 à la Philharmonie de Paris, et un article de France musique du concert londonien du 08 mars dernier.
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Harold en italie
En 1833, après avoir assisté à une exécution de la Symphonie fantastique, le violoniste virtuose Paganini commande à Berlioz un concerto pour alto, afin de pouvoir briller avec son nouvel instrument. Berlioz s’attèle alors à l’écriture d’une symphonie en quatre mouvements avec alto principal. Inspiré par son séjour en Italie, suite à son succès au prix de Rome, voici ce qu’écrit le compositeur dans ses mémoires : « je voulus faire de l’alto, en le plaçant au milieu des poétiques souvenirs que m’avaient laissés mes pérégrinations dans les Abruzzes, une sorte de rêveur mélancolique dans le genre du Childe-Harold de Byron. »
Déconcerté par le rôle jugé trop discret de l’alto, Paganini refusa dans un premier temps de jouer l’œuvre mais se ravisa plus tard en offrant à Berlioz 20 000 francs !
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Roméo et Juliette, symphonie dramatique op. 17
Durant son séjour italien de 1830, Berlioz songeait à composer une œuvre inspirée par Shakespeare. « …en tombant ainsi sur moi à l’improviste, [il] me foudroya. Son éclair, en m’ouvrant le ciel de l’art avec un fracas sublime, m’en illumina les plus lointaines profondeurs. Je reconnus la vraie grandeur, la vraie beauté, la vraie vérité dramatique ».
Avec la manne inespérée offerte par Paganini, Berlioz s’attèle à la composition de Roméo et Juliette, exalté par les représentations shakespeariennes données au théâtre de l’Odéon par une troupe anglaise et sa comédienne Harriett Smithson dont il tombe éperdument amoureux.
« On ne se méprendra pas sans doute sur le genre de cet ouvrage. Bien que les voix y soient souvent employées, ce n’est ni un opéra de concert, ni une cantate mais une symphonie avec chœurs. »
La scène d’amour, pièce uniquement orchestrale, représente le centre musical et psychologique de la symphonie dramatique. La musique y exprime avec une incroyable sensualité et suavité les élans irrépressibles des cœurs. Wagner, vingt ans plus tard s’en souviendra dans son opéra Tristan : « l’auteur reconnaissant de Tristan und Isolde au cher grand auteur de Roméo et Juliette. »
Pour plus de détails reportez-vous aux notes de programme du concert du 16 mars 2015 à la Philharmonie de Paris.
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Te Deum
On peut considérer le Te Deum comme un pendant du Requiem pour ce qui est de la masse imposante des exécutants. Ici, on retrouve une configuration similaire : ténor solo, chœurs, orchestre moins fourni mais complété par la présence de l’orgue, ce dès la majestueuse introduction.
Composé en 1848-49, le Te Deum a été créé le 30 avril 1855, en l’église Saint-Eustache, sous la direction du compositeur, à l’occasion de l’inauguration de l’Exposition universelle. Berlioz se permet quelques libertés, en changeant l’ordre des versets ou en supprimant certains. « Je suis un impie plein de respect pour les Pies », écrit-il à Wagner !
Quoi qu’il en soit, les compositions religieuses de Berlioz (Messe solennelle, l’Enfance du Christ) témoignent, si ce n’est de sa foi, d’un sentiment religieux remontant à ses souvenirs d’enfant.
Pour compléter, voir les notes de programme des concerts du 20 juin 2015 et du 25 mai 2019 à la Philharmonie de Paris.
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Par Catherine P., bibliothèque Italie
Pour en savoir plus Bibliographie Berliozienne
Roland Barthes considérait Berlioz comme un des plus grands écrivains français du 19è siècle. Effectivement, le musicien a mené une intense activité littéraire, par goût et par nécessité.
Financièrement, notre compositeur se trouvait contraint d’être « feuilletoniste ». Ses mémoires, sa correspondance témoignent de ses talents extraordinaires. Sa folle imagination donne libre cours à ses facultés d’anticipation dans la nouvelle « Euphonia ou la ville musicale » (1844-1852), dont l’histoire se déroule en 2344 !
Berlioz laisse aussi à la postérité un célèbre Traité d’orchestration qui fait encore autorité de nos jours.
Voici une sélection d’ouvrages de Berlioz ou consacrés au compositeur et à son œuvre.
Sélection bibliographique
Livre
"La symphonie fantastique" : enquête autour d'une idée fixe
Edité par Cité de la musique-Philharmonie de Paris - DL 2016
Enquête du musicologue sur la Symphonie fantastique d'Hector Berlioz, sa place dans la musique symphonique de son temps, son contexte de création, la bien-aimée du personnage que le compositeur représente à travers le thème principal nommé idée fixe, le programme de cette oeuvre instrumentale, etc. ©Electre 2016
Livre
Berlioz et l'Italie : voyage musical : [exposition, La Côte Saint-André, Isère, Musée Hector-Berlioz, 30 juin-31 décembre 2012]
Edité par Libel ; [Musée Hector-Berlioz] - DL 2012
H. Berlioz reçoit le prix de Rome en 1830. A cette occasion, il découvre la musique italienne. Déçu au départ, il arpente finalement une Italie pittoresque qui nourrit son oeuvre littéraire et musicale.
Livre
Avant-scène opéra (L'). . 308, Les Troyens
Edité par Avant-scène Opéra - 2019
Deux histoires soutiennent la tragédie des Troyens : le récit d'un peuple assassiné par traîtrise et le drame de Didon abandonnée par Enée. ©Electre 2019
Livre
Berlioz
Edité par Actes Sud - DL 2018
A l'occasion du cent cinquantième anniversaire de sa mort, une biographie qui suit le compositeur, mais aussi l'écrivain, le journaliste et le chef d'orchestre, dans ses amours et ses voyages, de l'Isère à Paris en passant par Londres et Moscou. B. Messina dévoile ainsi un personnage visionnaire, autodidacte, fragile, drôle et intraitable. ©Electre 2018
Livre
Béatrice et Bénédict : Opéra-comique en deux actes ; Création Neues Theater, Baden-Baden, 9 août 1862
Edité par Premières Loges - 2003
Contient l'argument et un extrait du livret de l'opéra romantique sur la jeunesse de Berlioz : "Les Orages désirés" musique de Gérard Condé, livret de Christian Wasselin.
Livre
Le suicide par enthousiasme : et autres nouvelles
Edité par l'Arche - 1995
S'il n'avait été musicien, Berlioz dit-on, eût été écrivain. En témoignent les cinq nouvelles réunies dans ce petit volume berliozien, qui révèle le musicien et l'homme tout entier avec ses rêves artistiques et ses déceptions.
Contient :"Un bénéficiaire et Rubini à Calais ; Le premier opéra ; Euphonia, ou la ville musicale ; Histoire du harpiste ambulant".
Livre
Hector Berlioz, visages d'un masque : littérature et musique dans la symphonie fantastique et Lélio
Edité par Clavaud M. - 1980
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Sélection réalisée par Marc L, médiathèque musicale de Paris, et Catherine P, bibliothèque Italie