Spécial Nouvelle Orléans / Episode 5 Cajun et Zydeco : des jumeaux noirs et blancs
Les bibliothécaires vous proposent de poursuivre la découverte de la musique de la Nouvelle Orléans avec la musique Cajun et Zydeco. Episode 5.
Musique cajun (ou cadienne)
C’est une composante importante de l’identité culturelle et musicale de la Nouvelle-Orléans. Elle est en lien direct avec la population acadienne qui, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle a été déportée suite à la prise de possession par les Britanniques des colonies françaises en Amérique du Nord. Le terme « Cajun » d’ailleurs est l’orthographe anglophone, mais le terme est péjoratif pour les francophones. Ils lui préfèrent celui de Cadien.
La musique cajun est un mélange de genres musicaux des habitants francophones de la Louisiane. Établie sur une base de musique et de chansons traditionnelles issues de la grande région Nord-Américaine de l’Acadie, elle regroupe des influences européennes, différents styles musicaux proches de la country-music et autres caractéristiques rythmiques liées à la danse.
Les thèmes abordés reprennent ceux de la tradition orale et racontent une histoire, disent quelque chose de la ville, de l’environnement, de la vie quotidienne et de la société.
Les premiers instruments utilisés sont le violon (ou fiddle), le mélodéon (ou accordéon diatonique), introduit au Texas par des immigrants allemands, qui s’impose dans les bals du fait de son volume. Viennent ensuite la guitare folk à cordes en acier, l’harmonica et quelques instruments de percussions métalliques, tels les cuillers, le triangle (‘tit fer) et la washboard sur laquelle on frotte divers objets.
Les premiers enregistrements datent de 1928 et sont alors destinés à la population locale francophone. Citons « Lafayette » de Joseph Falcon et « Le vieux soulard et sa femme » de Cléoma Breaux. A partir des années 30, l’accompagnement simple au mélodéon laisse place à des string-bands : le violon s’adjoint les services de guitares acoustiques, banjo, mandolines, contrebasse, etc.
Parmi les artistes les plus représentatifs, on peut citer The Balfa Brothers, Balfa toujours, Beausoleil et Michael Doucet, Zachary Richard
Musique zydeco (ou zarico, anciennement musique créole ou la la music)
Le terme « zydeco » vient du titre « Les zarico sont pas salés », qui se dit Zydeco en anglais.
Il fait référence à la cuisine ainsi qu’à la pauvreté. À l’époque, on ne parle pas encore de style zydéco et les différences avec le cajun sont minces et difficiles à cerner...
Une des premières chansons, enregistrée en 1929, est « Two step de la plairie Soileau » par Amédé Ardoin.
A l’origine du zydeco, il y a certes la musique cadienne mais aussi la culture créole noire qui s’inspire davantage des musiques noires populaires : jazz, rhythm and blues, swing, blues...
Mais l’instrumentation est proche, voire identique. La langue est en français et il faut attendre les années 30-40 pour entendre des textes en créole. Et plus tard nettement plus de guitares. Finalement, il n’est pas étonnant que la frontière soit si mince : une même base, des évolutions au sein d’une scène musicale qui s’est toujours prêtée au jeu des fusions et des métissages…
Parmi les artistes les plus représentatifs, on peut citer "Boozoo" Chavis, Buckwheat Zydeco et l’incontournable Clifton Chenier surnommé le « king of zydeco » qui va intégrer dans sa musique de nombreuses influences.
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Par Stéphane T., médiathèque musicale de Paris